10 points essentiels pour bien écrire

Commentaire littéraire, dissertation, contraction, exercice d’argumentation, rapport de stage ou lettre de motivation…. Quel que soit le texte que vous ayez à écrire, dans un cadre scolaire ou professionnel, voici dix points auxquels penser pour des écrits clairs et efficaces.

  • La virgule ne remplace pas le point

Une phrase commence par une majuscule et se finit par un point, un point d’exclamation, d’interrogation, ou par des points de suspension.  

La virgule, le point-virgule ou les deux points ne remplacent pas un point, ne marquent pas la fin d’une phrase. Ils séparent des propositions, et une phrase peut être composée de plusieurs propositions. Quand une phrase est composée d’une seule proposition, on parle d’une phrase simple. Quand une phrase est composée de plusieurs propositions, il s’agit d’une phrase complexe.

Pour rappel, une proposition est un groupe de mots organisés autour d’un verbe conjugué, d’un infinitif ou d’un participe présent ou passé.

  • Ne pas faire de phrases trop longues

Veillez à bien structurer vos phrases. Il est préférable que celles-ci ne comportent que deux à trois verbes conjugués, ou deux à trois propositions. Faire des phrases plus longues, c’est prendre le risque que les verbes n’aient pas de sujet, que les prépositions ou adverbes soient oubliés.

  • Éviter de finir ses phrases par des points de suspension

Finir une phrase par des points de suspension, c’est suggérer que vous n’avez pas tout dit, que votre propos manque de précision ou de maîtrise. Dans la mesure du possible, il vaut mieux les remplacer par un point.

  • Employer des connecteurs logiques

Les connecteurs logiques sont les adverbes et mots de liaison qui permettent d’articuler vos idées. N’hésitez pas à commencer vos phrases par « Tout d’abord », « De plus », « Outre cela », « Néanmoins », « Cependant », etc. Ces connecteurs vous aideront à structurer vos idées et clarifier votre texte. Il est préférable de consacrer au moins une phrase, sinon deux ou trois, à chacune de vos idées. Chaque nouvelle idée pourra être introduite par un nouveau connecteur logique.

Exemple de réponse à la question : en quoi cet extrait de Madame Bovary est-il un incipit, c’est-à-dire un début de roman ?

Cet extrait de Madame Bovary apparaît comme un incipit. Tout d’abord, le texte narre l’arrivée d’un nouvel élève dans une classe, ce qui est la preuve d’un nouveau cycle, l’amorce d’une nouvelle intrigue. Outre cela, le texte fait un long portrait de ce nouvel élève, et notamment de la casquette qu’il porte. De plus, nous avons également une présentation rapide d’une classe et de ses us et coutumes ce qui apporte au lecteur des repères culturels et spatio-temporels pour comprendre le texte.

  • Éviter les énumérations

Les énumérations  (de longues listes de mots séparées par des virgules) peuvent donner un effet de style, apporter du rythme, ou par exemple créer un effet comique grâce à la répétition. Néanmoins, une réflexion construite s’apparente rarement à un catalogue. Elle doit témoigner d’une progression, d’arguments avancés les uns après les autres de façon logique. Une liste d’arguments  peut donner l’impression d’un manque de clarté.

  • Employer des mots précis

La maîtrise du vocabulaire est le moyen le plus sûr de faire preuve de concision et de clarté ! Employer le mot juste, c’est avoir le plaisir d’affiner sa pensée, de la circonscrire, et faire preuve de nuance. Dans le milieu professionnel, le mot précis permet de poser un cadre et d’éviter la déformation du discours.

Un vocabulaire soutenu donnera élégance et rondeur à vos propos. Enfin méfiez-vous de ces tournures qui passent bien à l’oral, mais sont rédhibitoires à l’écrit, comme le présentatif « c’est ».

  • Penser aux connotations mélioratives et péjoratives

En linguistique, la connotation est  le sens particulier que prend un mot en plus de son sens ordinaire, notamment quand il prend une résonance affective. Selon les mots que vous employez, selon leurs connotations mélioratives ou péjoratives, votre texte pourra sembler froid et impersonnel, ou bien chaleureux et encourageant.

Trois exemples ci-dessous :

« complexe » est mélioratif / « compliqué » est péjoratif

« intrépide » est mélioratif / « hasardeux » est péjoratif

 « alarmant » est très péjoratif / « fragile » l’est moins

  • Éviter les formules définitives et l’émotivité excessive, mais aussi les clichés

Les adverbes en « ment » (comme « terriblement », « douloureusement »), les adverbes de temps comme « jamais » ou « toujours » donnent un aspect parfois excessif et définitif à nos propos. Or, nous pouvons changer d’avis, étoffer notre réflexion, mais aussi voir nos textes lus par des personnes qui ne partagent pas du tout nos opinions.

Dans la même veine, les généralités (sur des pratiques, ou sur un peuple), peuvent apparaître comme des clichés. Souvent, le cliché naît de l’alliance entre un énoncé vague, qui ne se vérifie en rien, et une formulation définitive.

  • Faire preuve d’empathie, de logique, de pédagogie

Trop de textes manquent de clarté car celles et ceux qui les écrivent ne se mettent pas assez à la place de celles et ceux qui le liront. Quel que soit le sujet que vous abordiez, veillez à ce que l’on comprenne vos propos. Par exemple, si vous présentez votre livre préféré, une passion, une personnalité qui vous touche, quelque chose que vous connaissez sur le bout des doigts, prenez le temps d’expliquer ce dont vous allez parler, car vos lecteurs ne sont pas à votre place. Posez les choses en employant des termes simples, et concrets. Vous aurez ensuite tout loisir de complexifier votre propos, car l’on vous aura compris et suivi dès le début.

Pensez à la règle des 5 W : Who? (Qui ?), What?(Quoi ?), When? (Quand ?), Where? (Où ?), Why? (Pourquoi ?).

  • Éviter les répétitions

Un texte bien écrit est un texte au vocabulaire varié, qui n’emploie pas les mêmes verbes, tournures et expressions. Utilisez des périphrases (plusieurs mots pour désigner une seule notion, une seule personne), des synonymes (notamment pour remplacer les verbes « être » et « avoir ») , des mots-outils comme « ces derniers », « ceux-ci ».
Pensez aussi aux verbes qui ont la même construction. Par exemple, utiliser dans une même phrase les verbes « prendre », ou « reprendre», et la locution verbale « prendre le temps » est dommage. Au lieu d’écrire « Je vous remercie d’avoir pris le temps de reprendre mon texte », l’on peut dire « Je vous remercie d’avoir pris le temps de réutiliser mon texte ».

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Vous souhaitez en savoir plus sur Sarah Sauquet qui a écrit cet article et enseigne en cours particuliers ? Plus d’infos via ce lien.

© Saoirse Ronan dans Reviens-moi (Joe Wright, 2007)

 

Le français vu du ciel : et si la pratique linguistique était la dernière terre à conquérir ?

« Je souhaite vivement que Le français vu du ciel ouvre la voie à une nouvelle manière d’aborder l’enseignement et l’apprentissage du français (et des langues en général) »

« Les espaces se sont multipliés, morcelés et diversifiés. Il y en a aujourd’hui de toutes tailles et de toutes sortes, pour tous les usages et pour toutes les fonctions. Vivre, c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner. » C’est dans son livre Espèces d’espaces que Georges Pérec, dont on connaît le goût pour la nomenclature et la classification, racontait comment l’histoire des sociétés était avant tout l’inscription dans un espace, à partir duquel et sur lequel on écrivait.

Marion Charreau, elle s’intéresse à l’histoire des langues, à leur transmission et à leur évolution et a le talent de les mettre en images. Son ouvrage Le français vu du ciel est un incroyable voyage au sein d’une contrée, la langue française, qu’elle nous présente comme des territoires à explorer. Riche et coloré, son livre permet une toute nouvelle approche du français, et séduira aussi bien spécialistes que néophytes. Nous avons souhaité en savoir plus sur la démarche de Marion, et l’intérêt pédagogique des « cartes mentales », ces cartes qui permettent de passer d’une notion linguistique à une autre sans jamais se cogner.

Marion, pourrais-tu rapidement nous présenter Le français vu du ciel, et nous raconter la genèse de ce projet ?

Le français vu du ciel propose un voyage inédit dans la langue française. Il s’agit d’un beau livre au format BD qui présente la grammaire, la conjugaison et le lexique sous forme de cartes mentales illustrées reliées entre elles par les aventures d’un personnage. L’univers du livre est poétique, visuel et ludique.

Au début du livre, un personnage observe un brouillard de mots (pronom, mode, complément, transitif, adjectif, etc). Des mots que l’on utilise pour décrire la langue mais qui ne sont pas forcément clairs pour lui (ni pour nous). Il décide donc de partir en direction du brouillard et arrive dans les territoires des mots. Là, il va rencontrer les différents types de mots, comprendre leur nature, leur fonction, et découvrir comment les utiliser pour exprimer sa pensée.

Avec Le français vu du ciel c’est un peu comme si on pouvait se déplacer dans les neurones d’une personne qui se pose des questions, comprend et apprend. En suivant le parcours et la progression du personnage, le lecteur décortique les mécanismes de la langue française, il clarifie et relie ses connaissances. Ce livre est l’aboutissement de 7 années d’enseignement du français à l’étranger à l’aide (notamment) des cartes mentales et d’une pratique de classe originale. À la demande d’enseignants souhaitant utiliser mes supports, l’idée de publier un livre a germé petit à petit.  Rencontrer un éditeur qui ose parier sur ce projet a pris du temps. Mais voilà, c’est fait, Le français vu du ciel est maintenant largement distribué.

Selon toi, à qui le livre s’adresse-t-il et quels usages peut-on faire des cartes mentales ?

Quand j’ai construit ce livre, j’ai toujours eu en tête une famille confortablement installée dans un canapé, discutant du français tout en naviguant dans les cartes. Le français vu du ciel est intergénérationnel, il s’adresse aux adolescents et aux adultes souhaitant rafraichir leurs connaissances et se sentir à l’aise avec la langue. Mais il trouve d’autres publics : les enseignants qui s’en inspirent ou l’utilisent pour aborder certains points de grammaire en classe, les personnes qui apprennent le français langue étrangère, les personnes familiarisées avec les cartes mentales et la pensée visuelle, les professionnels de la pédagogie, les amateurs de beaux livres.

On peut utiliser les cartes mentales illustrées du livre pour avoir une vision d’ensemble des mécanismes de la langue française et se faire plaisir en apprenant. On peut consulter une carte en particulier pour revoir ou mémoriser un point de grammaire. On peut présenter un aspect de la langue sous un nouveau jour, s’inspirer des cartes pour parler de la langue autrement et associer des notions complexes à l’imaginaire des personnes qui nous écoutent. Ces cartes sont à la fois une proposition de voyage dans ses propres connaissances et un outil de discussion et de partage autour de la langue française.

L’ensemble, et c’est un tour de force, est à la fois extrêmement ordonné et construit tout en donnant une impression de profusion. Pourrais-tu nous en dire plus sur ton processus créatif, sur la façon dont tu as structuré et pensé l’ensemble ?

Pour créer, on part toujours de quelque chose d’existant. Dans le cas du livre, j’avais en stock et en mémoire des dizaines de cartes mentales sur la langue française réalisées pendant des années dans le cadre de cours de français. J’ai tout de suite pensé le livre comme devant être un bel objet qui donne envie de se plonger dans les cartes. Puis j’ai dû trouver un fil conducteur (narratif et visuel) pour guider le lecteur et rendre le tout parfaitement cohérent.

Une fois les grandes lignes du livre définies, j’ai mis toutes ces informations dans une gigantesque carte mentale faite à l’aide d’un logiciel. Puis j’ai dessiné des cartes sur papier pour valider un prototype du livre auprès de l’éditeur et de l’équipe linguistique d’Orthodidacte.com qui a veillé sur ce projet. J’ai affiné le scénario, les cartes et l’univers visuel petit à petit, jusqu’à la réalisation des cartes originales. Pendant des mois, mon appartement a été envahi de cartes accrochées aux murs. J’ai littéralement vécu dans Le français vu du ciel.

tube des pronoms
tube des pronoms

Dans ton livre, les notions grammaticales ou lexicales sont associées à des images (le tube des pronoms, les totems des modes, etc.). Comment ces choix se sont-ils faits ? Comment associes-tu une notion à une image ?

Certaines images viennent d’explications spontanées pendant les cours. J’aime beaucoup procéder par analogie pour aider quelqu’un à comprendre. J‘ai aussi posé des questions du type « qu’est-ce qu’un verbe » à d’anciens élèves, des enseignants, des amis, des personnes d’âges et de nationalités différentes pour nourrir mon imaginaire et écouter ce qu’avait à dire mon futur public. Au départ j’avais des images pour quelques notions seulement et puis petit à petit, l’univers des territoires des mots s’est construit, imposant sa propre logique. C’était une sensation assez étrange, comme si ces lieux imaginaires devenaient autonomes.

Par exemple, si les noms sont des êtres sur une ile et que les verbes se construisent dans la montagne, les pronoms sont logiquement reliés aux deux espaces en question car ils remplacent le nom mais sont aussi liés au verbe… C’est donc le tube des pronoms qui fait le lien entre l’ile des noms et la montagne des verbes (par analogie avec le métro –tube) qui est un moyen de déplacement relativement rapide comme chacun le sait. Dans une phrase, le pronom permet lui aussi d’aller plus vite, c’est une sorte de raccourci.

Le style graphique du livre est-il à l’image de ton style artistique habituel ? As-tu insisté sur certains aspects, travaillé particulièrement certaines couleurs, ou souhaité avoir un rendu particulier ?

Comme je savais qu’il y aurait profusion d’informations, j’ai souhaité avoir un style graphique léger et organique pour mettre en avant les liens et donner une sensation de fluidité. Ce sont des éléments qui l’ont retrouve dans mon travail artistique mais…il n’est pas visible sur internet donc tu n’auras pas d’élément de comparaison… Je voulais aussi donner aux informations une texture, du relief. J’ai d’ailleurs observé beaucoup de lecteurs se déplacer dans le livre en caressant les pages.

encrage sans couleurs
encrage sans couleurs

Le livre est relativement exhaustif et aborde de nombreuses notions. Y-a-t-il des notions ou thématiques que tu n’as voulu aborder, ou pas réussi à mettre en images ?

C’est vrai que ce livre donne une sensation réelle d’exhausitivité. Evidemment, il ne contient pas tous les aspects de la langue française, ce ne serait ni lisible ni utile et aucun éditeur ne se risquerait à publier un livre aussi épais ! Le français vu du ciel fait la synthèse ce qui est vraiment nécessaire pour comprendre les mécanismes du français. Il contient les bases qui permettent de relier les notions essentielles aux plus complexes. Mon idée est que le lecteur puisse ensuite aller au-delà du livre avec l’assurance de l’expert et l’enthousiasme de l’explorateur. En naviguant dans les cartes et en suivant les aventures du personnage, on a l’agréable sensation que tout s’imbrique et se clarifie. On est donc prêt à poursuivre l’aventure.

Voici d’ailleurs un message pour les lecteurs: n’hésitez pas à prolonger les branches du français vu du ciel par vous-même (dans votre tête ou avec un crayon) !

 

Pourrais-tu un jour concevoir un nouveau livre fondé sur le même principe et consacré au vocabulaire ? Peux-tu nous parler d’éventuels projets à venir ?

J’ai tout une carte mentale remplie de projets à venir! Certains concernent la langue française ou d’autres langues, d’autres sont des variantes ou des compléments du livre existant. Il y a aussi des projets d’expositions, de parcours pédagogiques, des posters, des jeux éducatifs. Il y a aussi un projet très singulier concernant le vocabulaire, j’espère qu’il trouvera preneur…
Je ne sais pas si tout cela aboutira, mais je souhaite vivement que Le français vu du ciel ouvre la voie à une nouvelle manière d’aborder l’enseignement et l’apprentissage du français (et des langues en général).

Pour finir, que dirais-tu à quelqu’un qui voudrait découvrir la langue française à travers ton livre ?

Je lui dirais avant tout qu’il s’agit d’un livre pour se faire plaisir, un compagnon de voyage. Je lui poserais ensuite des questions pour comprendre d’où il/elle part: cerner ses besoins, ses connaissances préalables, ses résistances, ses objectifs et ses motivations. Avec ses réponses, je pourrais lui indiquer comment utiliser mon livre et d’autres ressources adaptées. Je lui dirais aussi qu’il y a plusieurs façons de lire et d’apprendre avec Le français vu du ciel. On peut parcourir la langue en feuilletant l’ensemble, on peut se focaliser sur l’histoire et la progression du personnage sans entrer dans le détail, on peut consulter une carte en particulier pour un besoin précis (ex: comment poser des questions).

Je l’encouragerais vivement à réaliser “son français vu du ciel” en construisant ses propres cartes dans un grand cahier blanc, sur des thèmes qui l’intéressent, qu’il doit communiquer clairement ou mémoriser pour longtemps. Et je lui confierais ceci: le livre qu’il tient entre ses mains est né parce qu’un jour, me trouvant devant des personnes voulant apprendre le français, j’ai dû faire mes propres cartes pour apprendre à l’enseigner.

Marion Charreau, Le français vu du ciel, Editions Le Robert, 96 pages, 29 euros

Images Marion