Quels sont les vers les plus célèbres de la poésie française ?

Ils font partie de notre patrimoine et vous les connaissez par cœur, ou presque… Nous vous offrons un florilège des plus grands vers de la littérature française ! Sélection subjective et nécessairement incomplète… Vous retrouverez ces différents poèmes sur notre appli Un Poème Un Jour !

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, / Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.

Ces vers sont les deux premiers de « Demain, dès l’aube », poème de Victor Hugo dédié à sa fille Léopoldine décédée. S’agit-il d’un rendez-vous  amoureux ?

Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

Dernier vers du poème « A une passante » de Baudelaire, il témoigne du désespoir du locuteur qui voit partir la mystérieuse et belle inconnue à qui il aurait tant aimé parler.

Quel esprit ne bat la campagne ? / Qui ne fait châteaux en Espagne ?

Tirés de la fable « La Laitière et le Pot au lait », ces vers, situés à la fin de la fable, témoignent de la tendance que nous pouvons avoir à faire des rêves plus grands que notre vie !

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !

Ce vers est tiré du poème « L’Isolement » de Lamartine. Ce long poème narre la solitude et la mélancolie du héros romantique qui tente de trouver une forme d’apaisement dans la contemplation de la nature.

La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.

Il s’agit du premier vers de « Brise marine » de Mallarmé. Ce poème, un des plus célèbres de Mallarmé car relativement accessible, constitue une invitation à s’échapper du quotidien, les plaisirs, qu’ils soient physiques ou quotidiens ne suffisant plus à satisfaire le locuteur.

Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, / De ta jeunesse ?

Ces deux vers en forme d’apostrophe clôturent le poème « Le ciel est par-dessus le toit » de Verlaine, que l’on trouve dans son recueil Sagesse. Oscillant entre évocation de l’enfermement et appel à la liberté, le poème fut écrit pendant l’emprisonnement de Verlaine, après avoir tiré sur Rimbaud.

De la musique avant toute chose / Et pour cela préfère l’Impair

Ces vers sont les premiers du poème « Art poétique de Verlaine. Comme l’indique son titre, le poème constitue une sorte de traité d’écriture poétique. A travers ces vers, le poète exprime son souhait de faire primer la musicalité et les sonorités, ainsi que l’emploi des vers impairs.

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte, / Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,

Ces vers ouvrent le poème « Ce siècle avait deux ans » de Victor Hugo, dans lequel l’auteur des Misérables revient sur sa naissance et son enfance. Victor Hugo est né en 1802, d’où la tournure « Ce siècle avait deux ans ! »

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, / Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :

Ces vers ouvrent « El Desdichado », le poème le plus célèbre de Nerval, qui offre la représentation d’un poète romantique et inconsolé. « El Desdichado »  est un personnage emprunté à Walter Scott, « déshérité », « dépossédé de son château.

Je dis tu à tous ceux que j’aime

Ce vers de Jacques Prévert est situé au milieu du poème « Barbara ». Le poème, en s’adressant à Barbara, une jeune femme qui aurait perdu son fiancé soldat, constitue une dénonciation de la guerre à la fois originale, lyrique et intime. Face à la guerre, nous sommes tous égaux, nous dit Prévert. C’est pourquoi le « tu » est de mise.

Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Ce vers de Baudelaire se trouve à la fin de « L’Albatros », dans lequel Baudelaire utilise la métaphore de l’oiseau pour dépeindre la condition, douloureuse, du poète. L’albatros, et le poète, y apparaissent comme inadaptés.

Je vis, je meurs : je me brûle et me noie,

Ce vers ouvre le sonnet le plus connu de Louise Labé. La poétesse y dépeint, avec une sensualité ardente et une franchise étonnante, son incapacité à être pleinement heureuse. Objet de la passion amoureuse, elle oscille entre extrême joie et profond malheur.

Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Ce vers achève l’un des poèmes les plus connus de Ronsard. Adressé à Hélène de Surgères, le poème rappelle que l’homme est mortel et qu’il nous faut agir, aimer, avant que notre mort ne survienne. Ce poème est une invitation au « carpe diem ».

Vous souhaitez relire ces différents poèmes ? Retrouvez-les sur notre appli Un poème Un jour !

* « Barbara » ne figure pas au sein de l’application puisque le poème n’est pas encore dans le domaine public.

Illustration : Loïc Corbery et Emilie Dequenne dans Pas son genre (Lucas Belvaux, 2013)

 

Qui sont les pires beaux-parents de la littérature classique ?

On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille… On ne choisit pas non plus ses beaux-parents ! Petit tour d’horizon des beaux-parents les plus pénibles de la littérature classique française…

La belle-mère qui préférait l’ancienne : Mme Pernelle dans Tartuffe et Mme Bovary mère chez Flaubert

Mme Pernelle, mère d’Orgon et grand-mère de Mariane et Damis, dans Tartuffe, est également la belle-mère de la jeune et coquette Elmire, deuxième épouse d’Orgon. A la fois tyrannique et extrêmement critique, Mme Pernelle  use sans vergogne de son statut de matriarche pour juger sévèrement la conduite de chacun des membres de la famille et s’immiscer dans l’éducation de ses petits-enfants. Rien d’étonnant à ce qu’Orgon ait pu rechercher auprès de Tartuffe le « soutien » que sa mère ne lui offrait pas.

Mme Pernelle est notamment très sévère envers sa belle-fille et ne se gêne pas pour lui rappeler qu’elle n’est « que » la deuxième épouse d’Orgon :

« Ma bru, qu’il ne vous en déplaise, / Votre conduite, en tout, est tout à fait mauvaise ; / Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux ; / Et leur défunte mère en usait beaucoup mieux. / Vous êtes dépensière ; et cet état me blesse, / Que vous alliez vêtue ainsi qu’une princesse. / Quiconque à son mari veut plaire seulement, /Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement. »[1]

Si la mère de Charles Bovary n’a pas l’aplomb ni l’autorité de Mme Pernelle, elle nourrit un profond ressentiment envers Emma, deuxième épouse de Charles. Là où Mme Pernelle apparaît comme une femme froide et distante avec son fils, Mme Bovary mère semble surtout viscéralement attachée à son fils, qu’elle a manifestement toujours voulu protéger. Après lui avoir trouvé une première épouse, Héloïse, et assisté, impuissante, au naufrage de cette première union, Mme Bovary mère se résout, la mort dans l’âme, au mariage d’Emma et Charles. Sa nouvelle belle-fille, aux antipodes d’Héloïse, lui apparaît comme une femme qu’elle ne comprend pas et qui lui enlèvera pour de bon son fils. C’est sans étonnement que le lecteur découvre l’attitude de Mme Bovary mère lors du mariage des deux jeunes gens :

« Madame Bovary mère n’avait pas desserré les dents de la journée. On ne l’avait consultée ni sur la toilette de la bru, ni sur l’ordonnance du festin ; elle se retira de bonne heure. Son époux, au lieu de la suivre, envoya chercher des cigares à Saint-Victor et fuma jusqu’au jour, tout en buvant des grogs au kirsch, mélange inconnu à la compagnie, et qui fut pour lui comme la source d’une considération plus grande encore. »[2]

Les beaux-parents qui nous insupportent :  Monsieur et Madame Le Perthuis des Vauds dans Une Vie

« Petite mère » et « le baron » sont Adélaïde et Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds, les parents de Jeanne, l’héroïne d’Une Vie, et les beaux-parents de Julien de Lamare. Aristocrates foncièrement bons et aux joies simples et terrestres, « le baron » et « petite mère » ont élevé Jeanne sous cloche et l’ont  préparée, sans le vouloir, à une vie remplie de désillusions. Très attachée à ses parents, Jeanne ne peut vivre loin d’eux. Et c’est parce que Julien n’a plus de famille (et est d’ailleurs beaucoup moins riche que Jeanne) qu’une fois mariés Jeanne et Julien s’installent aux Peuples, la propriété familiale. Les beaux-parents de Julien sont constamment présents, imposent aux deux jeunes gens une routine familiale à laquelle il semble impossible de déroger et l’agacement de Julien envers ses beaux-parents se fait très vite sentir.

Julien, en homme cruel et insensible qu’il est, juge ses beaux-parents trop bons, trop faibles, pesants et maladroits, même s’ils lui apportent un nom, le gîte et le couvert, ainsi qu’une épouse. Navrés des très nombreux écarts de conduite de leur gendre, les parents de Jeanne, quant à eux, lui pardonnent tout, ou presque, et sont incapables d’aller au moindre conflit avec lui, ce qui ne fait qu’envenimer la situation. Les liaisons de Julien avec Rosalie ou Gilberte apparaîtront au jeune homme comme les seules échappatoires possibles à une vie familiale étouffante, et à un couple mal assorti.

Les beaux-parents qui nous déçoivent : le père et la mère Duroy dans Bel-Ami

La « Mé Duroy » et le « pé Duroy », comme ils se désignent eux-mêmes,  sont les parents de Georges Duroy, le héros de Maupassant, et qui deviennent, dans la seconde partie du roman, les beaux-parents de Madeleine Forestier.

C’est grâce à son ami Charles Forestier, rencontré au début du roman, que Georges intègre le journal La Vie française, et c’est grâce à sa femme Madeleine qu’il y reste. En effet, cette dernière, femme brillante et cultivée, tombée sous le charme de Georges, n’hésite pas à retravailler ses articles. Lorsque Charles Forestier tombe subitement malade, c’est Georges qui accourt au chevet de Madeleine et la soutient. Tous deux ne savent que trop bien ce qui est train de se jouer, et c’est peu de temps après le décès de Charles que Georges et Madeleine se marient, au mépris des commérages. Le jeune homme devient « Georges Duroy de Cantel », en référence au village de « Canteleu », près de Rouen, dont il est originaire.

A cette occasion, Madeleine, malgré les mises en gardes répétées de son mari, insiste pour rencontrer les parents de Georges, persuadée qu’elle les aimera beaucoup. « Les nouveaux époux » rencontrent donc « les vieux paysans ». Bien évidemment, la sophistication de Madeleine déroute les parents de Georges qui voient en leur bru « une traînée, cette dame-là, avec ses falbalas et son musc ». Madeleine, quant à elle, « ne mangeait guère, ne parlait guère, demeurait triste avec son sourire ordinaire figé sur les lèvres, mais un sourire morne, résigné. Elle était déçue, navrée. Pourquoi ? […] Les avait-elle vus de loin plus poétiques ? Non, mais plus littéraires peut-être,  plus nobles, plus affectueux, plus décoratifs. »[3]

Malgré ses propres origines populaires, malgré toute la meilleure volonté du monde, malgré sa curiosité pour un monde qui n’est pas le sien, Madeleine doit se rendre à l’évidence : ses beaux-parents la déçoivent, ne répondent en rien aux attentes qui étaient les siennes. Les jeunes mariés écourtent leur escapade normande, et Georges, sur le chemin du retour, l’avoue : ce voyage était une erreur.

Les beaux-parents qui nous humilient : Monsieur et Madame de Sotenville dans George Dandin

La palme des pires beaux-parents revient sans aucun doute à Monsieur et Madame de Sotenville, parents d’Angélique, qui est la femme du pauvre George Dandin.

George Dandin, un paysan fortuné, a souhaité s’élever par le mariage et a donc épousé Angélique de Sotenville, fille d’un gentilhomme campagnard. Malheureusement, la jeune femme n’est que mépris envers son mari  et George Dandin reconnaît qu’il a fait « une sottise la plus grande du monde ». Monsieur et Madame de Sotenville sont quant à eux extrêmement condescendants envers leur gendre et ne cessent de lui rappeler qu’ils ne sont pas du même monde.  Lorsque George réalise que sa femme est infidèle, et en informe ses beaux-parents, ces derniers prennent immédiatement le parti de leur fille, issue « d’une race trop pleine de vertu » et qui plus est de la « maison de la Prudoterie ».[4]

Pire encore, Monsieur et Madame de Sotenville exigeront de leur gendre que ce dernier implore, à genoux et publiquement, le pardon de sa femme pour l’avoir offensée. George Dandin devra aussi, tel un enfant pris en faute, répéter mot à mot les paroles de son beau-père et promettre « de mieux vivre à l’avenir »[5], alors que c’est Angélique qui est en faute ! C’en est trop pour George Dandin, qui ne voit qu’une issue possible à ce mariage infernal : « c’est de s’aller jeter dans l’eau la tête la première. »[6]

Au-delà du comique de caractère propre à la farce moliéresque, Monsieur et Madame de Sotenville, infatués de leur nom et de leur fortune,  apparaissent comme des personnages extrêmement cruels, renvoyant un homme à sa solitude, à son chagrin, et à un éventuel prochain suicide. Si leur nom prête à sourire, leurs propos et leurs actes confinent au drame !

Vous souhaitez relire des extraits de Tartuffe, de Madame Bovary, d’Une Vie ou de Bel-Ami ? N’attendez plus pour télécharger nos applis Un texte Un jour et Un Texte Un Eros !

Illustration : Dustin Hoffman, Ben Stiller, Barbra Streisand, Teri Polo et Blythe Danner dans Mon beau-père, mes parents et moi (Jay Roach, 2004)

 

[1] Molière, Tartuffe, I, 1, 1664

[2] Gustave Flaubert, Madame Bovary, Première partie, Chapitre IV, 1857

[3] Maupassant, Bel-Ami, Deuxième partie, Chapitre I, 1885

[4] Molière, George Dandin, I, 4, 1668

[5] Molière, George Dandin, III 7, 1668

[6] Molière, George Dandin, III 8, 1668