« Il pleure dans mon cœur / Comme il pleut sur la ville. » Tout le monde connaît les premiers vers de ce poème de Paul Verlaine que vous pouvez retrouver au sein de notre application Un texte Un jour .
Ce poème est un des poèmes les plus célèbres de Verlaine, et probablement un des poèmes les plus connus de la littérature française. Pourquoi ?
Une image instantanée : la pluie et les pleurs
Les deux premiers vers du poème (« Il pleure dans mon cœur / Comme il pleut sur la ville. ») jouent sur la conjugaison des verbes « pleurer » et « pleuvoir ». L’association phonique de « pleure » et « pleut » crée une image, une sorte de brouillard : est-ce qu’il ne pleurerait pas sur la ville et est-ce qu’il ne pleuvrait pas dans le cœur ?
Instantanément on associe l’image de la pluie sur une fenêtre à celle des larmes qui coulent sur une joue ; association que l’on ne cesse de retrouver en photographie ou au cinéma.
Un poème tout en sonorités
Le poème véhicule une atmosphère générale de chagrin et de langueur à travers les nombreuses répétitions sonores. On trouve ainsi des rimes en « œur » , des rimes en « i » ; des assonances et allitérations. Le poème est en lui-même une véritable musique ! Cet aspect musical est d’autant plus important que le locuteur évoque le « bruit doux de la pluie » : c’est bien simple, le poème nous laisse entendre « le bruit de la pluie / Par terre et sur les toits !«
Une évocation universelle et originale de la mélancolie
Ce poème est un poème lyrique, qui évoque les sentiments malheureux et la langueur du poète. C’est un poème universel : aucun nom propre n’est mentionné, il n’est question ni de femme ni d’homme : le poème est universel, n’importe qui peut s’identifier au locuteur du poème.
Comme l’explique le locuteur, il n’est question ni de deuil, ni de rupture, et le locuteur lui-même semble ignorer la cause de ce chagrin qui relève d’ailleurs davantage du vague à l’âme et de la mélancolie. Le locuteur choisit de s’arrêter sur l’évocation de sensations en faisant appel à l’ouïe, ainsi que sur la tentative d’analyse de cette mélancolie.
Cette mélancolie sans raison apparente est à la fois extrêmement moderne, et intemporelle.
Une structure parfaite
Le poème est composé de quatre quatrains, c’est-à-dire de quatre strophes de quatre vers chacune. Les vers sont des hexasyllabes, des vers de six pieds. Il s’agit donc d’un poème relativement court et facile à mémoriser !
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Illustration : Clint Eastwood dans Sur la route de Madison (1995)