20 signes que vous adorez Balzac

Comme Balzac, vous avez  une tendance aux investissements hasardeux et êtes le roi de la levée de fonds qui échoue. Votre banquier vous surnomme « Le Radeau de la Méduse ».

Vous savez que la statue de Balzac qu’a réalisée Rodin a été surnommée « Le Bonhomme de Neige ». Et que c’était une commande d’Emile Zola.

Vous classez les gens en deux catégories. Ceux qui savent que le chagrin est un cuir. Et les autres.

Lorsque vous vous promenez au cimetière du Père-Lachaise, vous vous attendez à voir surgir Eugène de Rastignac derrière chaque tombe et vous lancer un « Ah nous deux maintenant ! »

Secrètement, vous vous imaginez en Jean Desailly dans La Peau douce, de Truffaut, puisque l’acteur y campe un universitaire, spécialiste de Balzac.

Chaque arrivée dans un nouvel appartement, une nouvelle demeure, un nouvel espace, de la grange bucolique au loft d’artiste, vous replonge instantanément dans la description de la pension Vauquer.

Vous avez fait l’acquisition d’une robe de chambre et d’une cafetière afin d’être en communion nocturne avec Balzac.

La Touraine, la ville d’Angoulême ou la rue Raynouard à Paris vous apparaissent comme de véritables lieux de pélerinage.

Pour vous les femmes de trente ans s’appellent et s’appelleront toujours Julie.

A force de relire La Duchesse de Langeais, vous n’êtes pas loin de penser que la femme parfaite est une connasse.

Vous savez que les meilleurs scénaristes d’Hollywood n’ont rien inventé et doivent tout à Balzac et au retour des personnages.

Lorsqu’on vous parle de la fille aux yeux d’or, vous pensez plus à Paquita qu’à Marie Laforêt.

Vous seul savez combien l’entrée au couvent peut résulter d’une grande passion contrariée.

Vous êtes persuadé que personne n’a jamais fait mieux que Balzac en matière de description.

Secrètement, vous rêveriez d’appartenir à une société secrète comme les Treize.

C’est à Balzac que vous devez votre fréquentation intime de la cougar.

Vous n’osez pas avouer que Madame Hanska est la seule Polonaise que vous connaissez.

Lorsque vous regardez Cendrillon de Walt Disney, vous avez une pensée amusée pour Delphine de Nucingen et Anastasie de Restaud.

Chaque promenade dans Paris vous replonge dans l’univers balzacien. Lucien de Rubempré habite rue de l’Echelle, la pension Vauquer est située rue Tournefort. Une balade nocturne sur les quais et vous vous imaginez en Raphaël de Valentin.

Vous devez régulièrement rappeler à votre entourage que Balzac a écrit La Maison du chat-qui-pelote. Et non La Maison du chat-qui-ronronne.

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 Illustration : Jean Desailly et Françoise Dorléac dans La Peau douce (François Truffaut, 1964)

 

 

 

 

Qui sont les bobos de la littérature classique ?

Si le concept du « bobo » semble avoir une existence linguistique relativement récente, c’est chez Maupassant que l’on trouve pour la première fois l’expression « bourgeois-bohème » ! L’occasion pour nous de revenir sur les différents bobos de la littérature classique, mais aussi sur la définition du bobo et sur le concept de bohème.

Scènes de la vie de Bohème ou l’origine du mot « Bohème »

C’est au Français Henri Murger, contemporain de Baudelaire et auteur de Scènes de la vie de Bohème, que l’on doit l’adjectif et le nom de «bohème », synonymes d’une vie vagabonde, marginale. Selon Murger, est bohème « tout homme qui entre dans les arts sans autre moyen d’existence que l’art lui-même »

Scènes de la vie de Bohème, écrit en 1857, décrit la vie d’artistes fauchés. C’est un roman à clé, et derrière chaque personnage se cache un artiste de son temps. On y suit Rodolphe, un poète (Henri Murger), Schaunard, un musicien, et plusieurs autres artistes qui gravitent autour d’eux. Il est question de vocation, d’espoir, d’espérances et ces artistes, loin d’être des poètes maudits, entendent vivre. Tous se réunissent au Café Momus, 17, rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois. Ce sont des artistes bohèmes, et sûrement pas des bourgeois-bohèmes. Mais le concept de bourgeois-bohème va apparaître et surtout être identifié moins de trente ans après l’oeuvre de Murger.

Définition du bobo

Tout d’abord, revenons sur la définition du bourgeois-bohème ou bobo. Dans son Dictionnaire du look, publié en 2011 chez Robert Laffont, Géraldine de Margerie définit le bobo tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Le bobo est un bourgeois qui a les avantages de s’offrir la bohème

 « Paradoxe ambulant, le bobo concilie modèle classique et vie souple, barbe de trois jours et salaire de cadre, marmaille élevée dans un appartement aux poutres apparentes… […] Bourgeois qui a les moyens de s’offrir les avantages de la bohème, la galère en moins, social-traître, Bcbg qui s’encanaille, « cœur à gauche et porte-monnaie à droite », l’agacement que suscite le bobo est chaque jour plus palpable. »[1]

Le bobo peut s’offrir le luxe de revenus aléatoires et travaille dans le domaine artistique

« Le bobo a les moyens de la bohème confortable. Son métier est généralement lié à la culture ou à la création. »[2]

Le bobo est cultivé, mais sa culture est sélective

« La culture occupe une place prépondérante dans la vie du bobo, qui aime à montrer qu’il est lettré, citeras philosophes et sociologues à l’envi, mais aura beaucoup plus de mal à avouer qu’il a regardé « L’île de la Tentation » tout l’été sur TF1. D’ailleurs, s’il ne regarde jamais la télé, il est étrangement toujours au fait de ce qui s’y passe. […] Le bobo aime laisser entendre qu’il lit Kant en écoutant Booba et qu’un week-end sans expo est un week-end gâché. »[3]

Le bobo est raffiné et délicat

C’est ce qu’explique David Brooks, auteur américain dans son ouvrage consacré aux bobos paru en 2000 :

« Les élites socio-culturelles aiment la texture. Elles préfèrent les petits tapis rugueux tissés avec des herbes obscures à de la moquette brillante, des jouets en bois cabossés aux modèles en plastiques lisses, de la céramique épaisse et granité à de la porcelaine fine et délicate »[4]

Clotilde de Marelle, première bobo de la littérature dans Bel-Ami ?

C’est dans le roman de Maupassant qu’apparaît pour la première fois en littérature le terme de « bourgeoise bohème » pour désigner Clotilde de Marelle : « Ce fut elle alors qui lui serra la main très fort, très longtemps ; et il se sentit remué par cet aveu silencieux, repris d’un brusque béguin pour cette petite bourgeoise bohème et bon enfant qui l’aimait vraiment, peut-être. »[5]

Effectivement, à y bien regarder, Clotilde de Marelle est bel et bien une bobo. Jouissant d’une situation matérielle plus que confortable grâce à son mariage, Clotilde se moque des conventions. S’habillant à la diable, étant capable d’un tant soit peu s’encanailler, elle se distingue des autres femmes du roman. Elle n’est ni snob ni conventionnelle, ni bourgeoise dans ses réactions. Et sa situation matérielle et sa liberté lui permettent de s’offrir et d’apprécier des plaisirs qui sortent des sentiers battus.

Jean des Desseintes dans A Rebours

Passionné d’objets rares, esthète et collectionneur, le héros de Huysmans est de ces bobos raffinés et délicats. Soucieux de posséder des pièces singulières, de pouvoir toucher et manipuler les matières et textures, il n’aime rien tant que chiner. Sa hantise ? Passer pour un quidam.

Les Verdurin dans A la recherche du temps perdu

Les Verdurin constituent un autre type de bobos ! Ceux que l’on surnomme « Le Patron » et la « Patronne » sont à la tête d’un clan, « le petit clan des Verdurin » comme le raconte Proust, auquel il est très difficile d’être intégré.

Se proclamant comme les détenteurs d’un certain bon goût, les Verdurin, sous couvert d’être très ouverts, sont en réalité très snobs et sélectifs dans leurs fréquentations et leur culture.

Ils représentent la part de snobisme culturel du bobo.

Aurélien Leurtillois

Le héros du roman de Louis Aragon est un véritable bobo ! Ce jeune homme qui n’a pas besoin de travailler pour vivre est rétif à toute forme d’installation dans une vie bourgeoise.  Son existence  n’est que fêtes, mondanités et plaisirs – du moins en apparence.

Raffiné et délicat pour ne pas dire snob et tyrannique, Aurélien porte un soin plus qu’attentif à ses tenues (« Il avait des idées sur les étoffes »[6]) et il est aussi exigeant avec sa tenue qu’avec celle des autres, comme en témoigne sa réaction lorsqu’il rencontre pour la première fois Bérénice.

Clotilde de Marelle, Jean des Esseintes, les Verdurin et Aurélien Leurtillois sont indéniablement les premiers bobos de la littérature classique !

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Vous souhaitez en savoir plus sur les Verdurin, Aurélien, Clotilde de Marelle et Jean des Esseintes ? Découvrez La première fois que Bérénice vit Aurélien, elle le trouva franchement con, de Sarah Sauquet aux éditions Eyrolles

Illustration : Amanda Seyfried, Adam Driver, Ben Stiller et Naomi Watts dans While We’re Young (Noah Baumbach, 2015)

 

[1] Géraldine de Margerie, Dictionnaire du look, une nouvelle science du jeune, Robert Laffont, 2011

[2] Géraldine de Margerie, Dictionnaire du look, une nouvelle science du jeune, Robert Laffont, 2011

[3] Géraldine de Margerie, Dictionnaire du look, une nouvelle science du jeune, Robert Laffont, 2011

[4] David Brooks, Les bobos, 2000, @Florent Masso présente/C.O.L. 2000

[5] Maupassant, Bel-Ami, 1885

[6] Louis Aragon, Aurélien, 1944