Qui est le père biologique de Cosette ?

« Je n’ai jamais aimé que les hommes cruels. Les hommes gentils, c’est triste, mais on ne les aime pas. » Louise Brooks

Si Jean Valjean est la figure paternelle constamment évoquée dans Les Misérables, l’on oublie bien souvent que Victor Hugo relate la rencontre de Fantine avec le père de Cosette. Cette dernière a donc un père, qui ignore tout de son existence et ne l’a jamais reconnue. Mais avant d’évoquer le cas Félix Tholomyès, puisque tel est le nom du père biologique de Cosette, revenons sur le parcours de Fantine.

De Montreuil-sur-Mer à Paris

Fantine naît à Montreuil-sur-Mer sous le Directoire. Sans nom de famille, ni nom de baptême (rappelons que le misérable, le pauvre, est celui qui est avant tout dépourvu d’identité), elle est née de parents inconnus et a grandi dans la rue, parmi les enfants trouvés. C’est à un passant qu’elle doit le surnom de « la petite Fantine », surnom qui lui est resté.

A l’âge de dix ans, Fantine quitte Montreuil pour travailler chez des fermiers, chez qui elle restera jusqu’à ses quinze ans, avant de s’enfuir pour Paris. Si Victor Hugo passe sous silence les années passées à la ferme, on peut aisément imaginer que son logeur ait tenté d’abuser d’elle. Fantine arrive donc à Paris à l’âge de quinze ans avec l’énergie du désespoir.

Fantine et les garçons !

Devenue ouvrière, petite main dans une usine de couture, elle se fait trois amies, Favourite, Dahlia et Zéphine. La bande constituée, les quatre jeunes filles, dans une équation parfaite, rencontrent quatre jeunes étudiants, originaires du Sud-Ouest. Il y a Listolier, de Cahors, Fameuil de Limoges, Blachevelle de Montauban, et Tholomyès de Toulouse.

Comme par magie, Blachevelle tombe amoureux de Favourite, Listolier de Dahlia, et Fameuil de Joséphine. Les trois jeunes femmes s’amusent, mais Fantine, elle, est un cœur pur, qui se préserve pour le grand amour. Ce dernier se présente sous l’apparence de Félix Tholomyès, le plus beau, le plus distingué de la bande. Fantine n’en revient pas d’être ainsi choisie, et ne voit pas les nombreux défauts de son soupirant.

Félix Tholomyès ou le cuistre doublé d’un imbécile

Âgé de trente ans, Tholomyès, toujours étudiant, essaye péniblement d’écrire mais n’y arrive pas. Alors que notre brave Fantine se crève à la tâche à l’usine, ce personnage veule et inconsistant profite de la naïveté de sa maîtresse qui voit en lui le talent que la France entière va lui envier, et l’entretiendrait presque avec son maigre salaire. Certes, il mène sa bande à la baguette, mais quoi de plus facile que de régner sur des imbéciles ?

L’idylle entre Fantine et Tholomyès durera deux ans. Le coup de théâtre surviendra avec une rupture en bonne et due forme sur laquelle nous reviendrons dans un prochain article. Lorsque Tholomyès s’en va, Fantine est enceinte, mais elle ne lui a encore rien dit. L’on connaît la suite de l’histoire. « L’infortunée se fit fille publique ».

Vous souhaitez en savoir plus sur Les Misérables ? Découvrez La première fois que Bérénice vit Aurélien, elle le trouva franchement con, de Sarah Sauquet aux éditions Eyrolles

Illustration : Anne Hathaway dans le rôle de Fantine dans le film Les Misérables de Tom Hooper, 2012

 

 

Les classiques n’ont jamais été aussi modernes !

« La littérature n’est pas quelque chose de mort, c’est quelque chose qui doit vivre…et cette idée d’évolution est très classique… Est classique la recherche d’énergie et de vitalité dans une langue… Est classique celui qui fait un travail intéressant et exigeant sur le style. Les véritables classiques sont ceux qui ont une énergie et le besoin de bâtir quelque chose de solide qui tienne le coup »

Philippe Djian, Au plus près, Entretiens avec Catherine Moreau, Éditions La Passe du Vent, 1999

« Quelque chose de solide qui tienne le coup ». Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est à Philippe Djian, l’auteur du roman devenu culte 37,2° le matin et à l’univers a priori très éloigné de la littérature classique nous devons ces propos.

C’est parce que, comme Philippe Djian, elles étaient intimement persuadées que les classiques de la littérature parlent plus que jamais du monde qui nous entoure, dans sa complexité, qu’une mère, ingénieure, et sa fille, professeur de lettres, Dominique et Sarah Sauquet, ont eu l’idée un peu folle, en 2012, de créer des applications de littérature classique.

Il s’agissait alors de répondre à un problème pédagogique que Sarah rencontrait dans ses classes (comment faire lire des classiques ?) et d’unir leurs compétences autour d’une aventure différente, novatrice et, il faut bien l’avouer, quelque peu hasardeuse.

A ceux qui souhaitaient poursuivre la lecture, prolonger la réflexion, en savoir davantage sur les femmes qui se cachent derrière Un texte Un jour, Sarah et Dominique ont souhaité dès 2016 créer un blog, et tenter de répondre à leurs attentes.

Au programme : un blog littéraire d’un tout nouveau genre, afin de montrer que la littérature classique est, pour paraphraser Rimbaud, « absolument moderne ».

Anecdotes amusantes, personnages oubliés, vérités à rétablir, vous saurez tout sur la petite et la grande histoire qui animent la littérature classique !