Les bijoux indiscrets de Louise Damas

« La littérature constitue une inépuisable source d’inspirations. »

C’est parce qu’elle était à la fois passionnée de littérature et habile de ses mains que Louise Damas s’est lancée, pendant ses études de lettres, dans la création de bijoux. Bien lui en a pris ! Quatre ans après son lancement Louise Damas est une marque qui sait parfaitement conjuguer bijoux et littérature, au travers de créations délicates portant le nom d’héroïnes. Un concept épatant, qui nous a donné envie d’en savoir plus sur Louise et ses bijoux. Interview.

Louise, quelle lectrice êtes-vous, et notamment quelle lectrice de classiques êtes-vous, ou avez-vous été ?

Je suis une véritable lectrice de classiques, réellement férue de classiques. J’ai fait des études littéraires et en ai donc lu beaucoup. Je suis une lectrice assidue, dévoreuse de romans !

Y-a-t-il des classiques qui constituent vos livres de chevet ?

Je suis une grande fan de Zola, j’ai lu presque tous les Rougon-Macquart et mon préféré est La Faute de lAbbé Mouret. D’ailleurs l’un de mes bijoux s’appelle « Albine », en hommage à l’héroïne. J’aime énormément d’auteurs, autant classiques que contemporains, aussi bien français qu’étrangers. En ce moment je viens de finir Kafka sur le rivage de Murakami qui a constitué un gros coup de cœur. J’ai également lu Un petit homme de dos de Richard Morgiève, que j’ai beaucoup aimé. J’ai beaucoup de chance en ce moment, je ne lis que des livres magnifiques !

Comment votre marque de bijoux est-elle née ?

Cela fait quatre ans maintenant que j’ai créé ma marque, mais je suis une parfaite autodidacte dans le domaine du bijou. Après un bac littéraire, j’ai fait une licence de lettres à la Sorbonne. C’est lors de cette troisième année de licence, parce que j’étais assez bricoleuse et que j’aime faire des choses de mes mains que je me suis mise à faire des bijoux. C’était au départ quelque chose que je faisais pour moi. J’ai lancé la marque afin de gagner un peu d’argent en parallèle de mes études. Ça a bien pris et j’ai dû faire un choix à la fin de ma dernière année de licence, entre la poursuite de mes études en master comme je l’avais prévu, ou l’interruption de mes études pour développer la marque, qui marchait déjà bien. C’est comme ça que je me suis lancée !

L’identité littéraire de la marque existe-t-elle depuis le début ? Comment est née cette idée de « bijoux littéraires » si je puis m’exprimer ainsi ?

C’est vraiment parce que j’étais en plein dans mes études de lettres que la marque est née, avec cette identité ! Pendant cette licence, je devais à la fois lire énormément et travailler, et j’avais également besoin de fabriquer, de créer quelque chose. Comme je craignais de ne pas arriver à tout faire, je téléchargeais des livres audio ce qui me permettait à la fois d’écouter les classiques, de travailler et en même temps de créer des bijoux.

La marque est donc véritablement née d’une atmosphère littéraire. La littérature étant une véritable passion, il fut en réalité assez naturel de l’associer à mon autre passion !

Vos bijoux portent des noms d’héroïnes de la littérature. Quelle fut votre première création ?

Le premier bijou que j’ai créé s’appelle« Salammbô ». C’était une première création très évidente, je m’étais inspirée des rivières de pierre dans les cheveux que portait Salammbô. Le concept m’a plu, et j’ai décidé de le décliner, d’en faire l’identité de la marque.

Comment s’opère le processus de création ? Relisez-vous les œuvres littéraires ou au contraire essayez-vous de les garder à distance ?

Le processus n’est bien sûr jamais identique.  Ce qui est sûr, c’est que je ne crée pas un bijou par rapport à une description bien précise. J’essaie d’imaginer le bijou que j’aimerais offrir à une héroïne littéraire, le bijou que j’aimerais la voir porter. C’est un bijou créé selon un aspect de sa personnalité, un détail qui m’a frappée et qui m’inspirent… C’est très variable mais ce n’est en tout cas pas calqué ni automatique. C’est complètement subjectif ! Au risque que l’on ne me comprenne pas, ce qui peut parfois arriver. Parfois, c’est également l’inverse qui s’opère : je crée un bijou parce que saisie d’une idée, et c’est une fois le bijou créé que je réfléchis à quelle héroïne je déciderai de l’attribuer.

Y-aura-t-il un jour des bijoux masculins ?

Pas pour l’instant ! J’ai essayé de me lancer à un moment, mais je n’y arrive pas. Un jour, peut-être, qui sait !

Quelles sont les réactions de vos clients face à l’association des deux univers que sont les bijoux et la littérature ?

Les clients sont très enthousiastes !  Certains me disent même que grâce à l’un de mes bijoux, ils se sont mis à relire telle œuvre littéraire, d’autres personnes me disent qu’elles s’identifient à l’héroïne… Rien ne me fait alors plus plaisir ! Ce qui est en tout cas formidable, c’est qu’on peut tout explorer avec la littérature, toutes les époques, tous les pays, on peut découvrir des personnages très différents les uns des autres. La littérature constitue une inépuisable source d’inspirations.

Pour en savoir plus sur les créations de Louise Damas : http://www.louisedamas.fr/

 

Quels sont les incipit les plus célèbres de la littérature ?

On appelle « incipit » les premières lignes d’un récit, roman ou nouvelle. Le mot vient de la formule latine « incipit liber », « ici commence le livre ». L’incipit, dont la longueur est variable (on peut parler de la première phrase d’un récit, ou alors d’un ou plusieurs paragraphes) constitue un enjeu majeur. Il doit donner envie de lire la suite, mettre mal à l’aise, dépayser, questionner, renseigner. Certains incipit sont restés particulièrement célèbres dans la littérature. Petit tour d’horizon des célèbres premières phrases de romans.

Les incipit les plus poétiques

L’incipit des beaux quartiers d’Aragon : « Dans une petite ville française, une rivière se meurt de chaud au-dessus d’un boulevard, où, vers le soir, des hommes jouent aux boules, et le cochonnet valse aux coups habiles d’un conscrit portant à sa casquette le diplôme illustré, plié en triangle, que vendaient à la porte de la mairie des forains bruns et autoritaires. »

L’incipit de Lolita de Nabokov : « Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. »

L’incipit de Salammbô de Flaubert : « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. »

Les incipit qui instaurent une atmosphère

L’incipit de Germinal de Zola : « Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. »

L’incipit de La Modification de Butor : « Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant. »

Les incipit qui nous plongent tout de suite dans le bain

L’incipit des Aventures de Télémaque de Fénelon : « Calypso ne pouvait se consoler du départ d’Ulysse. »

L’incipit de La Condition humaine de Malraux : « Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? »

L’incipit de Bel-Ami de Maupassant : « Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant. »

L’incipit qui comporte une morale

L’incipit d’Anna Karénine de Tolstoï : « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon. »

Les incipit qui déstabilisent

L’incipit de L’Etranger de Camus : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »

L’incipit d’Aurélien d’Aragon : « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. »

Les incipit qui informent

L’incipit du Comte de Monte-Cristo de Dumas : « Le 24 février 1815, la vigie de Notre-Dame de la Garde signala le trois-mâts le Pharaon, venant de Smyrne, Trieste et Naples ».

L’incipit des Misérables de Hugo : « En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occupait le siège de Digne depuis 1806. »

L’incipit délicieusement ironique

L’incipit d’Orgueil et préjugés : « C’est une vérité universellement reconnue qu’un célibataire pourvu d’ une belle fortune doit avoir envie de se marier. »

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Illustration : Keira Knightley dans Anna Karénine (Joe Wright, 2012)