Bel-Ami ou l’exemple à ne pas suivre face à l’angoisse de la page blanche !

Vous devez pondre un dossier écrit, écrire une lettre, envoyer un mail important mais le rédactionnel n’est pas votre fort et vous ne savez pas comment vous y prendre ? Georges Duroy, le héros de Bel-Ami, est l’exemple à ne surtout pas suivre ! Suivez le guide en retrouvant le texte « Souvenirs d’un chasseur d’Afrique » sur notre appli Un texte Un jour ! Georges est censé y relater ses souvenirs d’Algérie !

S’y prendre à la dernière minute

Trop occupé à arpenter Paris à la recherche de conquêtes féminines, Georges Duroy se met au travail à la dernière minute, à l’heure où la fatigue n’aide ni à l’efficacité, ni à la clarté des idées ! Le lecteur restera indulgent envers Georges : on a tous fait ça !

Ne pas avoir de papier brouillon, ni de matériel

Georges ne dispose que de papier à lettres. Il ne perçoit pas l’utilité d’un brouillon et commence à rédiger, sur un très beau papier donc, « de sa plus belle écriture ». LOL

Choisir son titre et l’organisation de ses parties dès le début

Le titre d’un document écrit est généralement un des derniers éléments que l’on choisit, quand il ne s’impose pas au cours du processus d’écriture. Or, « Souvenirs d’un chasseur d’Afrique », titre aux accents colonialistes et un tant soit peu ridicule, est annoté par un Georges Duroy tout fier de lui et appliqué tel un bon élève qu’il n’est pas.

La phrase qui tue ou le « au jour d’aujourd’hui » de Duroy

De même, Georges est persuadé que l’ordre dans lequel lui viennent ses rares idées sera l’ordre final de ses écrits. Le narrateur nous indique donc dans un superbe pléonasme « Il faut que je débute par mon départ. »

Vouloir « faire genre » et écrire n’importe quoi

Georges n’a aucune idée de ce qu’il va raconter de ses souvenirs d’Algérie. Pourquoi ? Il n’arrive pas à verbaliser ses souvenirs, par manque de vocabulaire, et d’entraînement ! Aucun élément concret ne vient étayer son écrit. En revanche, Georges est très fort pour accumuler les clichés (« Elle est habitée en partie par des Arabes ») et les phrases faussement lyriques et gorgées de sentimentalisme à la noix (« C’était en 1874, aux environs du 15 mai, alors que la France épuisée se reposait après les catastrophes de l’année terrible… »).

Avoir un petit coup de « flemmou » et abandonner la partie

Vous vous mettez à travailler bien après le dernier épisode des Experts et vous êtes vite fatigué ? Rappelez-vous que, face à l’angoisse de la page blanche, rien ne vaut le travail ! Notre baby Georges national, lui, enchaîne une dernière perle (« Après un grand effort, il ajouta : « Elle est habitée en partie par des Arabes…» ») avant de jeter définitivement l’éponge («  Puis il jeta sa plume sur la table et se leva. »).

Inutile de vous dire que si Maupassant avait agi ainsi, nous n’aurions jamais pu lire Une Vie ni Le Horla ! Au travail, messieurs-dames !

Vous souhaitez relire le texte « Souvenirs d’un chasseur d’Afrique » ? Téléchargez notre appli Un texte Un jour  !

Illustration : Pierre Niney dans Un homme idéal (Yann Gozlan, 2015)

Quels sont les grands classiques de la littérature irlandaise ?

A l’occasion de la Saint Patrick, nous avons choisi de vous présenter six classiques de la littérature irlandaise ! Roman, poésie, théâtre, il y en aura pour tous les goûts, et peut-être même de quoi vous donner des envies d’escapades !

Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde (1890)

Reprenant le mythe de Faust, Le Portrait de Dorian Gray narre l’histoire d’un jeune homme incroyablement beau qui reste jeune tandis que le portrait qu’on a réalisé de lui vieillit à sa place. Plus il vieillit, plus Dorian perd en humanité, et le tableau en devient hideux, à l’image de la noirceur de son âme. Le roman est à la fois une réflexion sur l’âme humaine, sur l’art, mais aussi sur l’amour. C’est aussi le reflet d’une esthétique, celle des dandys et du romantisme noir, que l’on retrouve aussi bien chez Baudelaire que chez Huysmans. A propos de son roman, Oscar Wilde écrivit : « Il n’y a pas de livre moral ou immoral. Les livres sont bien ou mal écrits. Voilà tout. »

Dracula, Bram Stoker (1897)

Véritable mythe littéraire et cinématographique, le personnage de Dracula, un lugubre aristocrate vivant dans un château des Carpathes, et qui se révèle être un vampire, est l’œuvre de Bram Stoker. Cet Irlandais issu de Trinity College avait créé ce personnage assoiffé d’hémoglobine alors que l’Angleterre était terrorisée par Jack L’Eventreur. Si Bram Stoker n’a jamais visité la Roumanie, le château de Bran, qui présente des similitudes avec le château du roman est devenu, dans l’inconscient collectif, le château de Dracula.

Le vent parmi les roseaux, Yeats (1899)

Le vent parmi les roseaux est un recueil poétique essentiellement autobiographique. Yeats y raconte sa passion malheureuse pour Maud Gonne, une actrice et activiste irlandaise qui lui donna pourtant une fille. Dans ces poèmes, Maud apparaît comme une figure à la fois onirique et cruelle et l’ensemble du recueil oscille entre romantisme et regret. Une excellente initiation à la poésie irlandaise.

Le baladin du monde occidental, J.M Synge (1907)

Le baladin du monde occidental (The Playboy of the Western World) est une des plus grandes pièces du théâtre irlandais. Longtemps controversée, elle relate l’itinéraire de Christy Mahon, un jeune homme qui arrive dans un village en affirmant avoir tué son père tyrannique. Alors que Christy gagne la confiance et l’admiration des villageois, et les tient en haleine à travers un récit particulièrement dramatique, l’on apprend que le père de Christy est en réalité en vie…

La pièce, en ayant recours à une langue particulière, entre argot et vieux dialecte irlandais, constitue un véritable hommage à l’Irlande, à son monde paysan et à ses paysages de landes. A découvrir !

Ulysse, James Joyce (1922)

On ne présente plus Ulysse de James Joyce, roman qui relate une journée – ou plutôt un véritable parcours initiatique – dans la vie du Dublinois Leopold Bloom. Les moments-clés du roman s’inspirent de plusieurs étapes de L’Odyssée, et les personnages secondaires tels que Stephen Dedalus et Molly Bloom incarnent respectivement Télémaque et Pénélope, fils et épouse d’Ulysse. Ayant recours au monologue intérieur, Ulysse déconstruit la structure romanesque classique, comme en témoigne le célèbre monologue de Molly Bloom, à la fin du roman. A noter que l’on retrouve Stephen Dedalus, en qui on a souvent vu l’alter ego de Joyce, dans Portrait de l’artiste en jeune homme et Stephen le héros.

En attendant Godot, Samuel Beckett (1948)

Ecrite en français par un Irlandais, En attendant Godot est une pièce à l’intrigue quasiment inexistante ! Dans un décor dépouillé, Vladimir et Estragon, deux mendiants, attendent Godot, un personnage qui n’arrivera jamais. Dans cette pièce, c’est au spectateur lui-même d’attribuer un sens à ce qu’il voit, aux rencontres que font Vladimir et Estragon et d’imaginer qui est Godot. Peut-être Dieu, comme le suggère le « God » de « Godot » ? Une pièce incontournable pour comprendre l’évolution du théâtre au XXème siècle.

Vous souhaitez relire Le Portrait de Dorian Gray et Dracula, découvrir Le vent parmi les roseaux et Le baladin du monde occidental ? Téléchargez notre appli A text A day !

Illustration : image tirée du film Le vent se lève (Ken Loach, 2006)