20 classiques de la littérature pour entretenir son anglais avec l’application « A text A day »

Vous avez appris l’anglais durant vos études, le pratiquez occasionnellement, en voyage ou dans un cadre professionnel, et souhaiteriez consolider vos acquis ? Anthologie de 366 textes littéraires en anglais, accompagnés de notes et de biographies, l’application A text A day vous permet de recevoir chaque jour un court texte écrit en anglais.

Parce que vous pouvez également avoir accès à tous les textes de l’application en cliquant sur « More texts » puis sur « Search », nous vous proposons une sélection de 20 classiques à retrouver sur l’application, afin d’entretenir au mieux, et de façon progressive, votre anglais.

7 classiques pour se remettre à l’anglais

J’ai choisi ces œuvres pour leur accessibilité, qu’il s’agisse de classiques de la littérature enfantine ou d’œuvres adaptées au cinéma. Elles appartiennent toutes à la culture populaire, sont connues du grand public, et peuvent être lues et comprises aisément.

The Call of the Wild (L’Appel de la forêt), Jack London

Inspiré de l’expérience de Jack London dans le Grand Nord canadien, L’Appel de la forêt voit son action se situer pendant la Ruée vers l’or, dans le Klondike, à la toute fin du XIX  siècle. Le roman a pour héros Buck, un Saint-bernard croisé Border Collie résidant en Californie auprès de son maître. Enlevé, brutalement arraché à son foyer, Buck est enrôlé comme chien de traîneau au Canada. L’animal doit alors apprendre à survivre et à s’imposer au sein d’une meute, pour finalement revenir à l’état sauvage. Ode aux grands espaces et à une nature indomptée, L’Appel de la forêt est le récit d’un ancrage dans une immensité dont, les hommes, comme les animaux, sont contraints de déchiffrer la partition.

4 extraits de la nouvelle sont à lire sur l’application A text A day

The Jungle Book and The Second Jungle Book (Le Livre de la Jungle et Le Second Livre de la Jungle), Rudyard Kipling

Classiques de la littérature enfantine popularisés par le dessin animé par Walt Disney, Le Livre de la Jungle et Le Second Livre de la Jungle sont deux recueils de nouvelles. Plusieurs d’entre elles narrent les aventures de Mowgli, un jeune garçon qui grandit dans la jungle. Ce sont ses amis, l’ours avisé Baloo et la panthère noire Bagheera, qui apprennent au « petit d’homme » à survivre dans un environnement hostile. L’on suit Mowgli de son enfance à son retour à la civilisation, et en cela Le Livre de la Jungle peut être considéré comme un roman de formation.

3 extraits des nouvelles sont à lire sur l’application A text A day

A Christmas Carol (Un chant de Noël), Charles Dickens

Plus célèbre conte de Charles Dickens, Un chant de Noël a pour héros Ebenezer Scrooge, un comptable, avare, misanthrope et cruel, qui a décidé de passer le réveillon de Noël tout seul, malgré les invitations répétées de son neveu. Scrooge passe donc son réveillon entièrement seul et se couche tôt. Mais alors qu’il est plongé dans son sommeil, trois esprits lui rendent visite, le fantôme des Noëls passés, le fantôme des Noëls présents, puis le fantôme des Noëls futurs. En le confrontant à son passé et aux conséquences de ses actes, chacun des fantômes va progressivement convertir Scrooge et l’odieux personnage se transforme peu à peu en un homme reconnaissant et désormais enclin à faire le bien.

4 extraits du conte sont à lire sur l’application A text A day

The Little Lord Fauntleroy (Le Petit Lord Fauntleroy), Frances Hodgson Burnett

Classique de la littérature enfantine, Le petit Lord Fauntleroy narre l’histoire d’un Américain de sept ans, Cédric Errol, qui se découvre des origines à la fois aristocratiques et britanniques. Tout commence lorsque Cédric et sa mère apprennent que le petit garçon est l’unique héritier du comte de Dorincourt, son grand-père paternel, un personnage aussi rigide qu’austère.  La rencontre entre Cédric et le comte permet une réflexion sur la parentalité et le choc des civilisations.

5 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Little Women (Les quatre filles du docteur March), Louisa May Alcott

Classique de la littérature américaine régulièrement adapté au cinéma, Les quatre filles du docteur March dépeint l’évolution morale, affective et psychologique de quatre sœurs, Meg, Jo, Beth et Amy, qui doivent composer avec l’absence de leur père et une relative pauvreté durant la Guerre de Sécession. À travers l’évocation d’un quotidien morose que les quatre sœurs parviennent à sublimer, Louisa May Alcott nous offre le tableau du difficile passage de l’enfance à l’âge adulte, ainsi qu’un autre aspect du conflit américain.

6 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Robinson Crusoe (Robinson Crusoé), Daniel Defoe

Roman qui connaîtra un succès incontesté et donnera naissance à un genre en soi, la robinsonnade, et à un véritable mythe, Robinson Crusoé narre les aventures d’un jeune homme de dix-neuf ans, éternel insatisfait, qui contrecarre les avertissements parentaux pour embarquer sur un navire. Malgré les mises à l’index des marins qui se méfient des troubles motivations de ce novice en qui ils voient un être maudit, Robinson embarque et connaît plusieurs mésaventures entre Guinée et Brésil, où il s’établit un temps. Après avoir choisi de repartir en mer pour devenir négrier, Robinson se retrouve seul rescapé d’un naufrage sur une île déserte. Il trouve en lui des ressources aussi extraordinaires qu’inespérées, entre sagesse, humilité et inventivité.

5 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

The Great Gatsby (Gatsby le magnifique), Francis Scott Fitzgerald

Roman de la désillusion et de l’amour à jamais perdu, Gatsby le Magnifique raconte l’obsession malheureuse et non payée de retour de Gatsby, un énigmatique milliardaire, pour Daisy Buchanan, une jeune femme à laquelle il était autrefois fiancé. Parce que Gatsby souhaite à tout prix récupérer Daisy, désormais mariée à Tom Buchanan, il organise de somptueuses réceptions dans sa villa de Long Island, située juste en face de celle de Daisy. Mais les rumeurs les plus folles courent sur Gatbsy, dont on ignore finalement tout. Dépeignant à merveille la folie des années folles ainsi que leur envers, Gatsby le Magnifique est un des plus célèbres romans de la littérature.

8 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

5 classiques pour approfondir son vocabulaire

Écrites dans un anglais plus soutenu, ces œuvres font appel à des champs lexicaux précis et tournures parfois sophistiquées.

The Portrait of Dorian Gray (Le Portrait de Dorian Gray), Oscar Wilde

Œuvre la plus célèbre d’Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray narre le parcours d’un jeune homme affectueux, généreux et épris de romanesque, Dorian Gray. Ce dernier est surtout incroyablement beau et provoque l’admiration du peintre Basil Hallward. D’abord inconscient de la fascination qu’il suscite, Dorian, à mesure qu’il prend conscience de sa propre beauté, et subit l’influence néfaste d’un certain Lord Henry Wotton, perd son innocence et devient un homme cynique, insensible, puis finalement monstrueux.

7 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Dracula, Bram Stoker

Mythe littéraire et cinématographique, le personnage de Dracula est l’œuvre de Bram Stoker. Cet Irlandais issu de Trinity College avait créé ce personnage assoiffé d’hémoglobine alors que l’Angleterre était terrorisée par Jack L’Eventreur. Si Bram Stoker n’a jamais visité la Roumanie, le château de Bran, qui présente des similitudes avec le château du roman est devenu, dans l’inconscient collectif, le château de Dracula.

Le roman a pour héros Jonathan Harker, un clerc de notaire rationnel et droit n’apportant que peu de crédit aux légendes et superstitions en tout genre. Il est envoyé en Transylvanie pour s’occuper des affaires d’un certain comte Dracula. A l’issue d’un long voyage lui ayant fait traverser des régions de plus en plus inhospitalières, Jonathan, sourd aux avertissements des autochtones, atteint le château de Dracula. Un temps intrigué par l’immense culture de son hôte, Jonathan réalise non sans effroi qu’il est prisonnier de Dracula, qui est en réalité un vampire.

6 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Frankenstein, Mary Shelley

Roman le plus célèbre de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne relate le parcours et les ambitions prométhéennes d’un certain Victor Frankenstein, jeune homme issu d’une illustre famille genevoise et témoignant, dès son plus jeune âge, de réelles prédispositions pour la science. Exalté par les possibilités que l’alchimie lui laisse entrevoir, Victor se lance des études universitaires avec pour projet ubuesque de créer une créature. Retranché dans un laboratoire tenu secret, Victor dissèque et recompose des cadavres issus de charniers.

9 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Romeo and Juliet Roméo et Juliette), William Shakespeare

Chef-d’œuvre mondialement connu, Roméo et Juliette voit son action se situer « dans la belle Vérone », où deux augustes familles, les Capulet et les Montaigu, se déchirent depuis que le monde est monde. Juliette, âgée de treize ans, est la fille unique et la seule héritière des Capulet. Capulet donne un grand bal en l’honneur de sa fille auquel Roméo, fils des Montaigu, se rend. Juliette et Roméo tombent amoureux. L’on connaît la suite de l’histoire.

6 extraits de la pièce sont à lire sur l’application A text A day

A Room of One’s Own (Une chambre à soi), Virginia Woolf

Comment s’emparer d’un sujet a priori très prosaïque pour écrire un essai puissant, véritablement littéraire, qui témoigne de la profonde imbrication entre littérature et réel ? Parfaite introduction au féminisme, Une chambre à soi est un ouvrage dans lequel Virginia Woolf traite des obstacles à surmonter, quand on est une femme, pour écrire. Elle rappelle que le temps pour soi et un lieu à soi sont des luxes aussi fondamentaux qu’inatteignables pour beaucoup. La romancière et essayiste aborde également les violences envers les femmes, comme leur invisibilisation.

5 extraits de cet essai sont à lire sur l’application A text A day

5 classiques pour saisir ironie et sous-entendus

Écrites dans un style enlevé, ces œuvres admettent plusieurs niveaux de lecture et exigent une maîtrise certaine de l’anglais. Il y est beaucoup question d’intelligence des situations et de double discours.

Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés), Jane Austen

Roman le plus célèbre de Jane Austen, Orgueil et Préjugés narre le long et difficile détachement d’une impression première dans le domaine amoureux à travers l’évolution psychologique d’une jeune fille aussi intelligente qu’exigeante, Elizabeth Bennet, tombée amoureuse, bien malgré elle, d’un certain Fitzwilliam Darcy. Non sans humour ni ironie, Orgueil et Préjugés narre également les mésaventures sentimentales des quatre autres sœurs Bennet, et brosse le portrait de leur inénarrable mère, Mme Bennet, qui ne rêve que de toutes les marier.

8 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Vanity Fair (La Foire aux vanités), William Thackeray

Considéré comme un des plus grands romans de la littérature anglaise, La Foire aux vanités est un tableau mordant et satirique de l’Angleterre victorienne, à travers l’éloge de l’humilité et la critique des mœurs britanniques.  On y suit le parcours de deux héroïnes très dissemblables, Amelia Sedley et Rebecca (dite Becky) Sharp. Becky est ambitieuse, intelligente, amorale et désargentée alors qu’Amelia est douce et gâtée par la vie.

3 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Lady Chatterley’s lover (L’Amant de Lady Chatterley), D.H. Lawrence

Tableau d’une société anglaise en pleine mutation, L’Amant de Lady Chatterley voit son action se situer dans les Midlands, région industrieuse et granitique, où vivent Constance et Clifford Chatterley. Mobilisé sur le front de la première guerre mondiale, Clifford en est revenu paralysé et impuissant. Si les deux époux sont d’abord soucieux d’entretenir leur complicité intellectuelle, Constance finit par s’éloigner de son mari, révulsée par son égoïsme et la condescendance avec laquelle il traite les mineurs qui travaillent non loin de leurs terres.

Progressivement dévorée par la solitude et la frustration, en attente d’un enfant qui ne viendra jamais, Constance sombre dans la dépression. Il faudra la rencontre avec son garde-chasse, Oliver Mellors, pour que Constance goûte enfin au plaisir physique et trouve un sens à sa vie.

4 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

The Life and Opinions of Tristram Shandy (Vie et opinions de Tristram Shandy), Lawrence Sterne

Le roman qui fit la célébrité de Laurence Sterne car il connut un véritable triomphe littéraire. Sous couvert d’une fiction biographique, racontant la vie de Tristram Shandy, le roman offre une réflexion sur la société, la sexualité et la famille au XVIIIe siècle, le tout à travers une forme déconstruite, mêlant autodérision et passages grivois.  Au lecteur de se laisser porter par la folie du personnage, et de lui attribuer une signification.

3 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

The Adventures of Tom Sawyer (Les Aventures de Tom Sawyer), Mark Twain

Classique de la littérature enfantine doublé d’un roman picaresque, Les Aventures de Tom Sawyer raconte le Sud des États-Unis d’avant la guerre de Sécession. Il constitue en cela un véritable document sur la société américaine, mâtiné d’humour.

Le roman a pour héros un jeune orphelin, Tom, qui vit chez sa tante Polly dans la petite ville de Saint Petersbourg, dans le Missouri. Tantôt espiègle comme un enfant, tantôt rebelle comme un adolescent, Tom ne semble pas avoir d’âge, et se caractérise avant tout par le désir juvénile de passer pour un héros en s’affranchissant des règles et en enjolivant le réel. Il se lie d’amitié avec Huckleberry Finn, un jeune marginal qui entraîne l’orphelin dans de nouvelles aventures. 

4 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

3 classiques à la construction ambitieuse

Entremêlant différentes époques et narrant les destinées de plusieurs personnages, ces œuvres exigent un niveau d’anglais suffisamment bon pour reconstituer des intrigues et chronologies parfois complexes.

Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent), Emily Brontë

Roman sombre et âpre, Les Hauts de Hurlevent est une histoire d’amour et de vengeance qui a pour théâtre une maison, Hurlevent,  isolée et comme posée sur une lande sauvage et déserte de l’Angleterre. Il raconte comment toute une famille, les Earnshaw, est réduite en esclavage par un certain Heathcliff. Ce dernier est un bohémien ombrageux que les Earnshaw ont adopté étant petit et qui ne s’est jamais remis d’avoir été délaissée par son âme sœur, Cathy Earnshaw, au profit du policé Edgar Linton, voisin des Earnshaw.

L’intrigue, portée et narrée par des personnages secondaires, témoins privilégiés, entremêle différentes temporalités.

7 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Uncle Tom’s cabin (La case de l’oncle Tom), Harriet Beecher Stowe

On l’ignore souvent en France mais La Case de l’Oncle Tom est probablement, aux Etats-Unis, un des  romans les plus marquants de toute la littérature américaine. Publié à l’origine sous forme de feuilleton, La Case de l’Oncle Tom fut le deuxième livre le plus vendu aux Etats-Unis après la Bible au XIXe siècle, et il constitua un formidable succès mondial. Indissociable de l’histoire américaine, le roman est  un plaidoyer abolitionniste, et son autrice, Harriet Beecher Stowe, tint un rôle majeur dans la campagne contre l’esclavage menée par Abraham Lincoln.

L’histoire ? Celle, tragique, d’un esclave, Tom, dont le maître, ruiné, se voit contraint de se séparer. L’on suit le parcours de Tom qui connaît drames et mésaventures. Le roman, presque choral, narre le destin de nombreux autres personnages, qu’ils soient esclaves, propriétaires terriens, trafiquants et maîtres d’esclaves.

6 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Roman le plus célèbre de Virginia Woolf, Mrs Dalloway raconte une journée dans la vie de Clarissa Dalloway, une élégante Londonienne de cinquante-deux ans, dont le mari, Richard, est un membre du Parlement. A ce titre et parce qu’elle est pénétrée du sentiment d’appartenance à sa classe sociale, Clarissa excelle dans l’organisation de mondanités pour lesquelles elle éprouve un goût sincère. La journée que Virginia Woolf nous présente raconte la parfaite maîtresse de maison qu’est Clarissa, mais aussi un personnage double,  dont la vie intérieure est aux antipodes du personnage social qu’elle se plaît à camper.

Louvoyant entre passé, présent et futur, construit autour d’un kaléidoscope d’images, de sensations et de souvenirs qui ne cessent de s’alimenter les uns les autresMrs Dalloway témoigne de l’opacité des êtres et de la complexité du plus banal des quotidiens.

5 extraits du roman sont à lire sur l’application A text A day

37 autres auteurs sont à retrouver  sur l’application, et bien d’autres œuvres des auteurs cités sont à découvrir. Pour toutes ces raisons, n’attendez plus pour télécharger A text A day, disponible sur iPhone et Android !

© Renée Zellweger dans Bridget Jones Baby (Sharon Maguire, 2016)

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De la page blanche à l’écran noir, dix adaptations de classiques au cinéma

La récente et première adaptation du roman Martin Eden au cinéma (le film de Pietro Marcello, avec Lucas Marinelli dans le rôle-titre, sort le 16 octobre 2019 en France) m’a donné envie  d’évoquer les liens entre littérature et cinéma, à travers l’évocation de plusieurs adaptations de classiques qui me semblent particulièrement réussies.

De Paul Guimard à Claude Sautet, le cas des Choses de la vie

Comme souvent, cette liste est totalement subjective mais j’aime à penser qu’une adaptation réussie n’est pas qu’un « copier-coller de l’œuvre», et que s’emparer d’un classique de la littérature pour l’adapter au cinéma implique d’une faire une véritable œuvre cinématographique, et non littéraire. Le cinéaste doit réellement donner sa vision de l’œuvre, l’interpréter en langage cinématographique (à travers des choix de mises en scène, lumière, point de vue, rythme et montage), quitte à ne pas être entièrement, totalement fidèle au roman. Un des exemples les plus frappants de ce parti-pris cinématographique se trouve peut-être dans l’adaptation, très réussie, qu’a fait Claude Sautet du roman Les Choses de la vie de Paul Guimard. J’ai d’abord vu le film, dans lequel on suit la vie d’un homme, dans son cours normal, avant un accident de voiture, qui nous est annoncé, succinctement par quelques prolepses. J’ai, bien des années après, lu le roman qui m’a semblé très différent, et dans lequel le héros avait un accident, et revoyait sa vie en flash-back. J’ai plus tard lu dans Sautet par Sautet de Dominique Rabourdin et N. T. Binh que Claude Sautet et Jean-Loup Dabadie, son scénariste, avaient eu l’idée de « retourner l’œuf de colomb », et donc de changer totalement la structure et la chronologie du roman. Le film, remarquable, est à mon sens plus réussi que le roman. Selon moi, Sautet a tiré un film inoubliable d’un roman qui l’était beaucoup moins. Peut-être que ce roman relevait davantage, en fait, de cinéma que de littérature, ou que Sautet avait une vision tellement personnelle, et forte de ce livre, qu’il se devait de nous la transmettre via le langage qu’il maîtrisait le mieux – le cinéma.

Michel Piccoli et Romy Schneider dans Les Choses de la vie

Pourquoi adapter une œuvre littéraire au cinéma ?

Il y a plusieurs façons de s’inspirer d’une œuvre littéraire pour en faire un film. On peut adapter, de façon entière et délibérée une œuvre littéraire, ou  alors simplement s’inspirer d’une œuvre littéraire, comme le fait par exemple John Ford dans La Chevauchée fantastique, qui reprend quelques éléments de l’intrigue de Boule de suif sur fond de western, ou Gérard Oury dans La Folie des Grandeurs, film librement inspiré de Ruy Blas.

Bien souvent, tout part du désir d’un cinéaste de donner sa vision d’une œuvre qu’il a aimée. Quand il s’agit de l’adaptation d’un ouvrage récent, il peut s’agir d’adapter un grand succès de librairie (The Reader de Stephen Daldry est par exemple l’adaptation du roman Le Liseur, de Bernhard Schlink), et on peut dire aujourd’hui que l’adaptation pour le cinéma ou la télévision est la suite logique de n’importe quel grand succès de librairie. Quand bien même l’adaptation serait décevante, celle-ci relance toujours la lecture, fera venir des spectateurs en salle, et s’appuyer sur un grand succès éditorial ne peut que rassurer un producteur.

Lorsqu’il s’agit d’un classique, les motivations peuvent être légèrement différentes. Le cinéaste peut vouloir faire redécouvrir un classique, donner sa propre vision de l’adaptation (quand l’œuvre a déjà été adaptée), mettre en scène une vedette dans un projet particulier, ou se lancer et relever un défi : celui d’adapter un classique a priori inadaptable, un classique que personne n’a adapté avant lui. Comment traduire, en langage cinématographique, l’amour fou entre Ariane et Solal, le nénuphar dans le corps de Chloé, ou l’odorat de Jean-Baptiste Grenouille ? Longtemps jugés inadaptables, Belle du Seigneur d’Albert Cohen, L’Écume des jours de Boris Vian ou Le Parfum de Patrick Süskind ont finalement été adaptés au cinéma. En revanche, on attend toujours l’adaptation de Voyage au bout de la nuit ou d’Ulysse !

Les contraintes de l’adaptation

Rappelons-le, une adaptation implique avant tout un travail sur le scénario. Y aura-t-il un narrateur ? Quel point de vue va-t-on adopter ? Comment suggérer et ne pas verser dans la tentation de tout dire ? Faut-il faire des ellipses ? Doit-on respecter la chronologie et le rythme du récit ou doit-on en changer ?

Le scénariste et son réalisateur peuvent aussi choisir de situer leur adaptation à une autre époque que celle de l’œuvre littéraire. Alors que le roman de Daphné du Maurier Ma cousine Rachel se situe au XXème siècle, la récente adaptation de Roger Michell, avec Rachel Weisz dans le rôle-titre, se situe au début du XIXème siècle. Les Liaisons dangereuses de Laclos a donné lieu à plusieurs adaptations situées à des époques différentes. Celle de Roger Vadim avec Brigitte Bardot se situe en 1960 ; celle de Roger Kumble, avec Sarah Michelle Gellar et Reese Witherspoon, Sexe intentions, se situe à la fin des années 1990. Le casting est également un aspect fondamental de l’adaptation.

Arrêt sur quelques adaptations


Une vie de Stéphane Brizé, 2016

Cette adaptation audacieuse et courageuse est un véritable bijou ! En misant sur l’ellipse, en passant sous silence certains passages cruciaux du roman, Stéphane Brizé crée une œuvre tout en intériorité qui ne cesse d’attiser la curiosité du spectateur. L’attention portée aux costumes et aux détails, les baguenauderies de Clotilde Hesme (Gilberte de Fourville)  qui n’est pas entravée dans un corset confèrent un aspect totalement intemporel au film.

La Normandie est magnifiée grâce à la photographie et les acteurs sont parfaitement choisis. Yolande Moreau et Jean-Pierre Darroussin sont les parents dépassés de Jeanne, Swann Arlaud est un Julien tout en froideur contenue, et Judith Chemla est une héroïne romanesque et meurtrie mais tout sauf pathétique.

Swann Arlaud et Judith Chemla dans Une vie

Les Misérables de Tom Hooper, 2013

Plus qu’une adaptation du roman, le film de Tom Hooper est une adaptation de la comédie musicale d’Alain Boublil     et Claude-Michel Schönberg. Si j’ai dû m’habituer, dans les premières minutes du film, à voir Jean Valjean, Javert ou Fantine chanter, j’ai été emportée par la somptuosité des décors (il faut voir la scène inaugurale du bagne) et le souffle épique qui traverse ce film. Il s’agit là d’une grosse machine, d’un divertissement spectaculaire et parfois grandiloquent, mais si vous aimez les comédies musicales, ne boudez pas votre plaisir. À noter que Sacha Baron Cohen et Helena Bonham Carter campent des Thénardier particulièrement réjouissants.

Fantine
Anne Hathaway dans Les Misérables

Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann, 2013

Moi qui n’aimais pas le roman de Fitgerald, je l’ai relu juste après avoir vu l’adaptation de Baz Luhrmann. Le film m’avait tant plu que je m’étais dit que j’avais dû manquer quelque chose, ne pas tout comprendre au roman. Aujourd’hui, je demeure hermétique au roman, mais je me dis que Baz Luhrmann, en m’incitant à relire le livre, a totalement rempli son pari !

Voir le film de Luhrmann, c’est s’imprégner d’une esthétique flamboyante, admirer des décors baroques et colorés, accepter les  audaces formelles et anachronismes musicaux. J’aime ce film car j’aime à croire que l’atmosphère des Roaring Twenties y est parfaitement rendue. Si le choix de Carey Mulligan en Daisy me surprend toujours un peu, je trouve que Leonardo DiCaprio et Tobey Maguire sont extrêmement convaincants. Ce Gatsby a peut-être moins d’âme que celui de Jack Clayton avec Robert Redford, mais, qu’il est efficace !

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Leonardo DiCaprio dans le rôle de Gatsby

Orgueil et préjugés de Joe Wright, 2012

Le film de Joe Wright est à l’image de sa bande-annonce : extrêmement réussi ! Grâce à des acteurs de haut vol et dont on sent le plaisir, à chaque minute (Donald Sutherland en tête), Joe Wright réussit à restituer tout l’esprit et l’ironie délicate du roman de Jane Austen. L’interprétation est enlevée, la bande originale sert la dramaturgie et le film alterne avec bonheur scènes comiques et dialogues plus intimistes. L’alchimie entre les cinq sœurs Bennet (Keira Knightley, Rosamund Pike, Jena Malone, Carey Mulligan, Talulah Riley) fonctionne à merveille et Brenda Blethyn campe une Mrs Bennet parfaite.

Jena Malone, Rosamund Pike, Talulah Riley, Carey Mulligan, Keira Knightley, Brenda Blethyn dans Orgueil et préjugés

La Reine Margot de Patrice Chéreau, 1994

« Bienvenue dans la famille ; tu verras, c’est une famille un peu spéciale ». Ces mots, ce sont ceux que glisse, perfide, le duc d’Anjou (Pascal Greggory) à l’oreille d’Henri de Navarre (Daniel Auteuil), juste avant son mariage avec Marguerite de Valois. Et si le film commence par un mariage, somptueux, il n’y sera question de que de mort et de violence. Dès les premières minutes du film, la tension entre huguenots et catholiques est palpable. La Reine Margot est un film hors-norme, charnel et écarlate (le rouge y prend toute place), pareil à un tableau, qui dévoile sans retenue les massacres de la Saint-Barthélémy et présente les Valois, un peu comme des Corleone. Le casting, international, est époustouflant et s’il convoque les habitués de Chéreau (Pascal Greggory, Jean-Hugues Anglade, Vincent Pérez) il sait sortir du cadre et nous offrir de très belles surprises (Miguel Bosé, en Henri de Guise, Virna Lisi en Catherine de Médicis, Jean-Claude Brialy en Coligny).

Alors que le roman évoque avant tout le personnage de La Môle, huguenot, et sa relation avec le catholique Coconas, Patrice Chéreau et Danièle Thompson choisissent d’investir le vide laissé par Dumas pour créer une Margot omniprésente, à la hauteur du mythe qu’est alors Isabelle Adjani.

Une adaptation extrêmement personnelle, réussie, qui a totalement revisité les films en costumes, et sans laquelle la trilogie consacrée à la reine Elizabeth, avec Cate Blanchett, n’aurait peut-être pas vu le jour.

Cyrano de Bergerac, Jean-Paul Rappeneau, 1990

Auréolé de nombreux prix (10 Césars, 1 Oscar, 4 Bafta, 1 Golden Globe, 1 prix d’interprétation à Cannes pour Gérard Depardieu), Cyrano de Bergerac est une adaptation qui a su apporter densité et souffle au texte d’Edmond Rostand. Tourné en décors naturels, enrichi de plusieurs scènes qui ne figurent pas dans la pièce, le film  tire parfaitement parti des possibilités qu’offre le cinéma, comme en témoigne, pour ne citer qu’elle, la scène de la tirade du nez. Si Gérard Depardieu est magistral dans le rôle-titre, Vincent Pérez (Christian), Anne Brochet (Roxane), Jacques Weber (de Guiche) ou le regretté Philippe Volter (Valvert) soutiennent aisément la comparaison et offrent une autre lecture de ces seconds rôles.

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Philippe Volter et Gérard Depardieu dans Cyrano de Bergerac

La gloire de mon père et Le château de ma mère d’Yves Robert, 1990

« Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers ».  Est-ce la voix de Jean-Pierre Darras qui nous récite, tel un poème, le roman de Pagnol ? Est-ce la symphonie des cigales qui accompagne la musique de Vladimir Cosma ? Est-ce la langue de Didier Pain, qui roule « les R comme un ruisseau roule de graviers » ? Les deux adaptations des Souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol sont une réussite totale, restituant parfaitement la magie de l’écrit sans ne jamais tomber dans l’hagiographie ni la mièvrerie.

Le casting, judicieux, convoque des acteurs rares, mais parfaitement dirigés : Thérèse Liotard est la tante Rose, Nathalie Roussel est une Augustine à fleur de peau. Quant à Didier Pain et Philippe Caubère, ils ont l’élégance d’habiter leurs personnages sans ne jamais les écraser.

Le choix d’un narrateur, d’un Pagnol adulte qui nous lirait des extraits du roman et replongerait dans ses souvenirs, était audacieux, et tout sauf évident pour une adaptation cinématographique. Dans ce cas précis, c’est une franche réussite.

Victorien Delamare, Julien Ciamaca, Nathalie Roussel et Philippe Caubère dans Le château de ma mère

 

Barry Lindon, Stanley Kubrick, 1975

Comment retracer les splendeurs et misères de l’impossible Redmond Barry de Barryogue, cet éternel imposteur qu’un indéfectible orgueil mêlé d’une inconscience juvénile conduit au plus étonnant des destins ? Si l’œuvre de Thackeray nous dépeint un héros menteur, vaniteux et si préoccupé de sa personne qu’il en devient franchement drôle (on rit vraiment beaucoup à la lecture de ce roman picaresque !), le film de Stanley Kubrick choisit de se concentrer sur l’envers du décor, et la cruauté de la farce qui se joue sous nos yeux ébahis. Les décors et la photographie sont magnifiques, et ont résisté au temps. En choisissant le dépouillement, en suggérant plutôt qu’en disant, en atteignant la maîtrise technique qu’on lui connaît, Kubrick atteint à l’universel, et nous rappelle que l’homme est toujours rattrapé par ses passions.

Ryan O’Neal et Marisa Berenson dans Barry Lyndon

Le Comte de Monte-Cristo de Robert Vernay, 1954

Difficile de choisir parmi les nombreuses adaptations du roman d’Alexandre Dumas. Celle de Robert Vernay, avec Jean Marais dans le rôle-titre, m’a profondément marquée. François Truffaut n’aimait pas cette adaptation qui prend des libertés avec le roman, et comporte quelques anachronismes (on pense notamment à une scène dans laquelle Edmond Dantès se fait passer pour Honoré de Balzac…) mais le casting, européen et notamment franco-italien, est remarquable, et le rythme parfaitement tenu.

Certains personnages sont volontairement comiques, et des plus sympathiques (je pense notamment à Daniel Cauchy en Andréa Cavalcanti, l’enfant abandonné de Noirtier de Villefort, ainsi qu’à Paolo Stoppa, qui joue Bertuccio) ; tandis que d’autres suscitent, presque malgré eux, sympathie et sourire. Par sa présence tranquille, le comte de Monte-Cristo ne fait que rehausser le ridicule de Noirtier de Villefort (Noël Roquevert) et de Fernand Mondego (Roger Pigaut) et c’est un grand sourire aux lèvres que je regarde à chaque fois ce film. Un divertissement drôle et émouvant, du grand spectacle à l’ancienne doté, selon moi, d’un charme irrésistible.

 

Jean Marais dans Le Comte de Monte-Cristo

Autant en emporte le vent de Victor Fleming, 1939

Voilà l’exemple typique du film qui contribue à l’accès d’une œuvre littéraire au statut de mythe. Moins de trois ans après la sortie du roman, le producteur David O. Selznick en achète les droits. Selznick impose Vivien Leigh (alors inconnue…), choisit de tourner en Technicolor et de gommer l’idéologie sudiste et raciste véhiculée au sein du roman (Margaret Mitchell y présente les noirs comme des êtres inférieurs). Au-delà du portrait d’une capricieuse Belle du Sud (« Southern Belle »), le film, spectaculaire, lyrique et romanesque, sacralise un Sud chevaleresque, qui se relève de tout, et considère l’esclavage comme un système pérenne et bon. Le film d’une durée de 3h30  s’apparente à une succession de tableaux, et chaque grande époque est incarnée par une dominante de couleurs (on passe du vert au noir en passant par le rouge et le marron). Le film remporta 10 récompenses aux Oscars.

Vivien Leigh dans Autant en emporte le vent

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Illustration : Daniel Auteuil et Isabelle Adjani dans La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1994)