Avec quels personnages de la littérature pourriez-vous passer Noël ?

« C’était la veille de Noël. La nuit était froide et claire ; les étoiles scintillaient, la lune s’élevait majestueusement dans le ciel et éclairait le monde entier. »

Nicolas Gogol La nuit de Noël

 

Noël arrive, entraînant dans son sillage, retrouvailles familiales, repas à n’en plus finir, et montagnes de cadeaux ! Si ces fêtes sont généralement sources de joies, il arrive aussi qu’elles génèrent de véritables angoisses et nombreux sont ceux qui préfèrent passer Noël en comité restreint, avec leurs amis, voire avec eux-mêmes. Que ce soit pour vous éviter de plonger dans la mélancolie, ou pour nous réjouir avec vous de plus belle, nous avons passé en revue les différents héros de la littérature avec lesquels vous pourriez passer Noël !

Pour un Noël mémorable : Jo, Meg, Beth et Amy dans Les quatre filles du docteur March

Les quatre filles du docteur March s’ouvre par un premier Noël, a priori particulièrement morose. Le docteur March est sur le front en pleine guerre de Sécession, et les quatre sœurs n’ont que très peu d’argent. Elles songent d’ailleurs à se cotiser pour offrir un cadeau à leur mère. Le matin même de Noël, alors que Jo et Meg découvrent les livres que leur mère leur a offerts, Mme March est déjà partie chez les Hummel, une famille dans le plus grand dénuement.

Les cinq femmes March choisissent de partager leur repas de Noël avec les Hummel : « Ce fut un joyeux petit-déjeuner bien qu’elles n’en aient pas eu une miette et je ne pense pas que dans toute la ville on aurait trouvé des enfants plus gaies que les quatre sœurs affamées qui avaient renoncé à leur repas et allaient se contenter de pain et de lait en ce matin de Noël »[2].

Un an plus tard, c’est un autre Noël que connaît la famille March. Après une année marquée par les joies (les filles se lient avec leur voisin Laurie et son grand-père, M. Laurence) mais également par les drames (la scarlatine de Beth, l’accident de noyade d’Amy), Mme March et ses filles voient le docteur March revenir pour Noël.

Le réveillon de Noël s’avère particulièrement festif : « Jamais il n’y eut un dîner de Noël semblable à celui qu’ils firent ce jour-là. La grosse dinde était une merveille, toute décorée et farcie à souhait, le plum-pudding fondait littéralement dans la bouche. […] On porta des toasts, raconta des histoires, chanta de vieilles chansons. En un mot, on passa des moments merveilleux. »[3]

Jo se remémore d’ailleurs leur précédent Noël et les filles constatent que la roue finit toujours par tourner…

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Pour un Noël tout en délicatesse : Cosette dans Les Misérables

S’il y en a bien une pour qui la roue tourne, et pour une fois dans le bon sens, c’est Cosette ! Nous parlerons ici d’un Noël bien particulier dans la vie de Cosette, celui au cours duquel elle quittera les Thénardier. Tout commence le 24 décembre : rappelons-le, Cosette a été littéralement réduite en esclavage par les Thénardier. Alors qu’Eponine et Azelma ont droit à tous les égards, Cosette est traitée comme une moins que rien. De corvée d’eau, elle part dans la forêt avec un seau plus grand qu’elle. C’est là que Jean Valjean la rencontre, et, tel un ange sorti de nulle part, la ramène à l’auberge Thénardier.

L’ancien bagnard, tout sauf dupe, prend conscience de l’hypocrisie des Thénardier et du traitement réservé à Cosette. Après avoir osé toucher à la poupée d’Eponine et Azelma, Cosette, réprimandée et éperdue de chagrin, fond en larmes. Le « voyageur » quitte brusquement l’auberge et revient avec une magnifique poupée, pour Cosette. Premier émerveillement devant la stupeur et l’embarras de toute la famille Thénardier. Plus tard, dans la soirée, bien après le coucher, Jean Valjean découvre les sabots d’Eponine et Azelma devant la cheminée. Il fait alors un deuxième cadeau à Cosette :

« L’homme se relevait et allait s’en aller lorsqu’il aperçut au fond, à l’écart, dans le coin le plus obscur de l’âtre, un autre objet. Il regarda, et reconnut un sabot, un affreux sabot de bois le plus grossier, à demi brisé et tout couvert de cendre et de boue desséchée. C’était le sabot de Cosette. Cosette, avec cette touchante confiance des enfants qui peut être trompée toujours sans se décourager jamais, avait mis, elle aussi, son sabot dans la cheminée. C’est une chose sublime et douce que l’espérance dans un enfant qui n’a jamais connu que le désespoir. Il n’y avait rien dans ce sabot. L’étranger fouilla dans son gilet, se courba et mit dans le sabot de Cosette un louis d’or. Puis il regagna sa chambre à pas de loup. »[1]

Mais c’est surtout le 25 que Cosette connaît son plus beau cadeau de Noël. Jean Valjean, venu chercher l’enfant à la demande de Fantine, propose aux Thénardier de leur « racheter »Cosette. Entre stupeur et appât du gain, le couple d’aubergistes accepte, impressionné par le mystérieux inconnu qu’est Jean Valjean. Et c’est avec sa poupée baptisée « Catherine » que Cosette repart, dans les bras de son sauveur. Direction Paris, et la masure du boulevard de l’Hôpital.

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Pour un Noël de réconciliation : Scrooge dans Un chant de Noël

Son nom est Scrooge. Ebenezer Scrooge. Héros d’Un chant de Noël, plus célèbre conte de Charles Dickens, Scrooge est  un personnage avare (c’est un comptable), misanthrope, cruel et qui a décidé de passer le réveillon de Noël tout seul, malgré les invitations répétées de son neveu.

Comme il l’explique à ce dernier, Scrooge voue une haine féroce aux fêtes de Noël : « Au diable vos joyeux Noëls ! Que représente Noël pour vous autres, sinon le moment de régler des factures sans en avoir le premier sou ; le moment où vous vous trouvez plus vieux d’une année et pas plus riche d’une seule heure ; le moment de faire vos comptes et de voir chaque article porté tout net à votre débit, pendant une bonne douzaine de mois ? Si je pouvais en faire à ma guise, j’ordonnerais que chaque idiot qui se promène avec ses joyeux Noëls à la bouche soit mis à bouillir avec son propre pudding et enterré avec une branche de houx plantée à travers le cœur. »[4]

Scrooge passe donc son réveillon de Noël entièrement seul et se couche tôt. Mais alors qu’il est plongé dans son sommeil, trois esprits lui rendent visite, le fantôme des Noëls passés, le fantôme des Noëls présents, puis le fantôme des Noëls futurs.

En le confrontant à son passé et aux conséquences de ses actes, chacun des fantômes va progressivement convertir Scrooge et l’odieux personnage se transforme peu à peu en un homme reconnaissant et désormais enclin à faire le bien. En effet, Scrooge échappe de peu à la mort et il promet, en échange d’être maintenu en vie, de répandre joie et bonheur autour de lui : « Je célèbrerai Noël au plus profond de mon cœur et m’efforcerai de l’honorer durant toute l’année. Je vivrai dans le Passé, dans le Présent et le Futur. Les Esprits des Trois Noëls m’aideront dans ma lutte intérieure. Je ne fermerai pas mon cœur aux leçons qu’ils enseignent. »[5]

Ainsi, Scrooge offre une magnifique dinde à Bob Cratchit son employé, sort dans les rues de Londres et sourit à tous les passants. Il se rend ensuite chez son neveu : « Merveilleuse réception, merveilleux amusements, merveilleuse entente, mer-veil-leux bonheur ! » Scrooge passe donc un inoubliable réveillon.

Mais surtout, la transformation ne s’arrête pas là : le 25 décembre au matin, il se précipite à son étude où il promet à Bob de devenir un bien meilleur patron. Et, en effet, « Il tint toutes ses promesses et bien d’autres encore ; […] Il devint un aussi bon ami, un aussi bon patron, un aussi bon citoyen que la bonne vieille capitale , ou tout autre bonne vieille cité, ville ou bourg de notre bon vieux monde, en eut jamais vu. »[6]

Que ce soit en compagnie de Cosette et Jean Valjean, Jo, Meg, Beth et Amy, Scrooge, votre famille, vos amis, ou vous-même, nous vous souhaitons un très bon réveillon et d’excellentes fêtes de fin d’année !

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Illustration : Winona Ryder, Trini Alvarado, Kirsten Dunst, Susan Sarandon et Claire Danes dans Les quatre filles du docteur March (Gillian Armstrong, 1994) /Isabelle Allen dans Les Misérables (Tom Hooper, 2012) / A Christmas Carol (aucune source clairement identifiée)

 

[1] Victor Hugo, Les Misérables, 1862

[2] Louisa May Alcott, Les quatre filles du docteur March, 1868

[3] Louisa May Alcott, Les quatre filles du docteur March, 1868

[4] Charles Dickens, Un chant de Noël, 1843

[5] Charles Dickens, Un chant de Noël, 1843

[6] Charles Dickens, Un chant de Noël, 1843

20 signes que vous adorez Proust

A 21h30 pétantes, vous êtes couché. Normal, vous êtes d’une santé fragile.

Pour vous, le monde se divise en deux clans : ceux qui aiment Proust et ceux qui n’y comprennent rien. Ceux qui ne l’ont jamais lu ou n’en ont, pire, jamais entendu parler n’existent pas.

Vous avez un incommensurable amour pour les souliers rouges.

Au fond, vous êtes très attaché à votre maman. Comme à votre grand-mère.

Vous avez appelé votre fille Oriane.

Vous savez dire « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » dans plusieurs langues. On ne sait jamais.

Tout en étant un ami fidèle et discret, vous adorez les ragots.

Vous adorez relire François le Champi et vous êtes promis de le faire découvrir à vos enfants.

Vous comprenez parfaitement le sentiment de déception qui s’empare d’une personne lorsque la réalité n’est pas à la hauteur de ses attentes.

Vous avez un faible pour les madeleines, mais aussi pour les asperges. Il serait trop long d’expliquer ici pourquoi.

Hypersensible, vous exaspérez votre entourage par vos sempiternelles prises de tête.

A Paris, l’hôtel Swann est votre QG.

Contrairement aux apparences, vous n’êtes pas snob et pouvez rire de tout. Même du caca.

Vous êtes très attentif à chaque adaptation cinématographique ou télévisuelle de l’œuvre de Proust, qu’il s’agisse de celle de Raoul Ruiz, de celle de Volker Schlöndorff ou encore celle de Nina Companeez. Tout en attendant le chef-d’œuvre ultime. Qui ne vient pas.

Vous êtes un fin observateur et rien ne vous échappe. Vous voyez clair dans le jeu des gens, même si votre émotivité vous empêche parfois de vous exprimer.

Dave est vote chanteur préféré.

A l’instar de Françoise Quoirez qui choisit de se faire appeler Françoise Sagan, vous avez déjà trouvé votre éventuel et futur pseudonyme au sein d’A la recherche du temps perdu.

Vous pouvez passer des heures sur Internet à chercher des assiettes à l’effigie des Mille et une Nuits, comme celles que Françoise apporte à tante Léonie.

Un simple nom, une odeur fugace, la moindre sensation suffisent à déclencher chez vous un souvenir, une rêverie.

Parfois, il vous prend des envies de « faire catleya ». Comprenne qui pourra.

Vous souhaitez relire l’œuvre de Proust ? Téléchargez nos applis Un texte Un jour et Un Texte Un Eros !

Vous souhaitez en savoir plus l’univers de Marcel Proust ? Découvrez l’hôtel Swann !

llustration : Kristen Stewart lisant Du côté de chez Swann dans Sur la route (Walter Salles, 2012)