9 points essentiels pour 1 biographie percutante

Parce que les biographies d’écrivains sont un exercice incontournable dont les élèves peinent parfois à saisir les enjeux, voici neuf points à aborder pour réaliser des biographies efficaces et qui sortiront du lot !

  • Lieu de naissance

Ce point peut être important si l’écrivain a situé ses œuvres, ou certaines de ses œuvres, dans sa région natale, comme la Normandie pour Gustave Flaubert, l’Anjou pour du Bellay, la Touraine pour Balzac et Rabelais, Charleville pour Arthur Rimbaud, etc.

  • Origines sociales et familiales

On ne devient pas artiste par hasard, et une enfance des conditions de naissance, une entrée dans l’existence singulières expliquent parfois un parcours.

  • Ainsi, George Sand, de son vrai nom Aurore Dupin, était la fille d’un militaire, colonel des armées napoléoniennes, et d’une cantinière. Après la disparition de son père, George Sand est élevée par sa grand-mère paternelle, à Nohant, dans le Berry. La grand-mère paternelle s’était opposée en vain à cette mésalliance, et la petite  Aurore fut le fruit de deux milieux, deux histoires, deux héritages. Cette histoire familiale explique probablement en partie son rapport à la liberté.
  • La femme de lettres américaine Frances Hodgson Burnett (Le Jardin secret, La Petite Princesse, La petite Lord Fauntleroy) connut dans son enfance un revers de fortune. Or, ce thème traverse toute son œuvre.
  • Caractère et comportement

Lire un écrivain, c’est parfois imaginer, et deviner qui il était, quelle était sa personnalité. Ainsi, on ne sera pas surpris d’apprendre que dans son enfance, Alfred de Musset était un enfant rêveur et affecté. A l’adolescence, il devint un véritable provocateur, probablement proche de son futur héros Lorenzaccio.

  • Formation littéraire et intellectuelle

La littérature était-elle une vocation précoce ?  Tardive ? Quelles études, quelles rencontres, protecteurs et soutiens ont aidé à ce parcours ?

  • L’Angevin Joachim du Bellay intégra le collège de Coqueret, à Paris, sur la montagne Sainte-Geneviève. C’est là qu’il rencontra Pierre de Ronsard, Rémy Belleau ou Jean-Antoine Baïf, futurs membres de La Pléiade. Du Bellay devint le chef de file du mouvement, et il en écrivit le manifeste, Défense et Illustration de la langue française.
  • Arthur Rimbaud écrivit la plus grande partie de son œuvre poétique entre ses quatorze et dix-huit ans. Georges Izambard, son professeur de rhétorique, l’accompagna dans sa découverte de la littérature et de la poésie.
  • Réception des premières œuvres

Succès retentissants ou échecs foudroyants ? Œuvres comprises ou incomprises ?

  • Contes d’Espagne et d’Italie, la première œuvre de Musset, fut publiée en 1829. Le poète innovait, mélangeait les genres, ose la parodie. Si le recueil surprit et fut un succès de scandale, il offrit à Musset visibilité et reconnaissance.
  • Marie-Claire, premier roman de Marguerite Audoux publié en 1910, est indissociable de la vie de Marguerite Audoux et du caractère absolument inattendu de sa publication, et de l’incroyable succès qu’il rencontra. Ancienne pupille de l’Assistance publique, Marguerite Audoux travailla d’abord dans une ferme du Morvan. Elle s’établit ensuite à Paris en tant que couturière, où elle fréquenta les milieux littéraires de la rive gauche. Alors que rien ne la prédisposait à la littérature, elle coucha sur papier ses souvenirs d’enfance. Ces feuillets devinrent le roman Marie-Claire, qu’elle publia à l’âge de quarante-sept ans. Défendu et lancé par Octave Mirbeau, Marie-Claire obtint le prix Femina ; et c’est parce qu’il avait obtenu ce prix que le roman ne put obtenir le prix Goncourt. Les ventes dépassèrent les cent mille exemplaires, et le roman fut traduit en neuf langues.
  • Quels rencontres et événement spécifiques expliquent l’écriture d’une œuvre majeure ?

Deux exemples :

  • C’est parce que Mme de Sévigné vit sa fille Françoise la quitter en 1671 pour suivre son mari, le comte de Grignan, nommé gouverneur en Provence que l’épistolière, désespérée par cette séparation, se mit à écrire à sa fille deux à trois lettres par semaine, vingt-cinq années durant, afin de surmonter la douleur de l’absence.
  • C’est la passion de Gustave Flaubert pour Élisa Schlesinger qui lui inspira le personnage de Mme Arnoux dans L’Éducation sentimentale. C’est le seul de ses livres que Flaubert n’aura jamais envoyé à Mme Schlésinger.
  • Parcours social et politique de l’auteur

Au-delà de sa carrière littéraire, l’auteur s’est-il distingué sur le plan social et politique ? A-t-il été un témoin privilégié d’événements historiques, a-t-il même joué un rôle dans l’histoire de son pays ?

  • Ainsi, François-René de Chateaubriand, ambassadeur de France dans plusieurs pays, fut un des témoins privilégiés de bouleversements historiques majeurs, puisqu’il connut deux Révolutions, le Directoire, le Consulat, l’Empire, puis enfin la Restauration, avec une monarchie affaiblie. Son regard sur l’Histoire est au cœur de ses écrits.
  • Sous la Seconde République, Victor Hugo se proclama contre la déportation au bagne, contre le travail des enfants, et pour l’instruction obligatoire. En 1851, parce que ses idées politiques étaient en contradiction avec le second Empire, il dut s’exiler. Il partit en Belgique, où il écrivit son pamphlet Napoléon le Petit. Dès lors, il fut contraint à un exil plus grand encore, et rejoignit les îles anglaises de la Manche, Jersey et Guernesey, pendant 20 ans. Il ne revint en France qu’après la chute de Napoléon III.
  • Le style et l’esthétique de l’auteur

L’auteur a-t-il durablement innové sur le plan formel ? A-t-il renouvelé un genre ?

  • Brassant des thèmes divers et variés, à la manière d’un collage cubiste, Alcools de Guillaume Apollinaire bouscula les normes poétiques. Apollinaire y supprima la ponctuation, et par ce simple fait, modifia notre rythme de lecture. Il travestit les sonnets en modifiant leur mise en page, et convoqua des images nouvelles.
  • La postérité de l’œuvre et l’influence de l’auteur

L’auteur a-t-il eu des disciples ? A-t-il marqué la culture de son siècle, la culture moderne, populaire ?

  • Premier des poètes modernes, Charles Baudelaire exerça une influence considérable sur la poésie du XIXᵉ siècle, et de nombreux artistes et musiciens, à commencer par Serge Gainsbourg, firent de Baudelaire leur maître spirituel.

 

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© Abbie Cornish et Ben Whishaw dans Bright Star, Jane Campion, 2009 (Photographie : Greig Fraser)

Enseigner la littérature à des élèves de lycées français à l’étranger

Depuis que j’enseigne à distance, j’ai des élèves qui habitent dans plusieurs régions de France ou à l’étranger.
 
J’ai eu deux années durant des élèves russes qui habitaient Londres et cette année un lycéen franco-grec qui étudiait au lycée français d’Athènes. Accompagner des élèves qui ont une double ou une triple culture est très enrichissant car ces cultures influent considérablement sur l’approche de la littérature.
 
Mon élève franco-grec avait par exemple une approche très philosophique de la littérature. Ses références sont plus philosophiques que littéraires, il voit dans les textes ce que je ne vois pas et lui ne perçoit pas toujours ce que je vois. Nous débattions plus que nous analysions, et j’ai dû lui apprendre à avoir une réflexion littéraire et non philosophique sur les textes. Nous avons échangé en français mais aussi en anglais, beaucoup parlé d’étymologie grecque, car le vocabulaire grec est la porte d’entrée par laquelle il aborde les textes, et le langage. J’aime enseigner la littérature française en anglais, passer du français à l’anglais au sein de mes cours, car je sais que très bien parler anglais est aussi fondamental que difficile.
 
Mes élèves russes, extrêmement cultivées et francophiles, naviguaient aisément entre littératures russe, anglo-saxonne et française, et ce fut un bonheur de voir ces trois approches se nourrir les unes les autres. Ce sont elles qui m’ont appris que Pouchkine avait des origines africaines, qui m’ont fait comprendre la soif de spiritualité, de hauteur et d’exigence de la culture russe. Par leur érudition elles m’ont donné le sentiment, comme un immense privilège qui n’arrive qu’une fois dans une vie professionnelle, d’être un peu telle une préceptrice dans un roman de Tolstoï. J’ai beaucoup appris sur moi en enseignant à ces jeunes filles.
 
L’an prochain, j’aurai une nouvelle élève qui vient d’un autre coin du globe, d’un pays et d’une culture dont je ne connais rien. Je suis persuadée qu’elle aura beaucoup à m’apprendre.
 
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