Ces écrivains classiques qui m’ont fait viscéralement aimer la France

J’ai eu la chance de voyager à l’étranger, mais je n’aime rien tant que voyager en France, et c’est à la littérature que je dois ma découverte et mon amour des provinces et territoires.
J’ai découvert Limoges et Barbezieux grâce à Jacques Chardonne, la Touraine et l’Anjou grâce à Rabelais et aux poètes de La Pléiade, le Berry avec George Sand et Clermont-Ferrand grâce à Alexandre Vialatte.
J’adore découvrir une ville que je ne connais pas, je suis curieuse des industries, traditions et agricultures qui font vivre, de la petite Histoire derrière la Grande, de cette France profonde dont le silence me bouleverse. J’aime discuter avec les commerçants que je croise, et ai une admiration forte pour ces bouchers et boulangers qui maintiennent des villages en vie. Je garde le souvenir d’une rencontre, alors que j’étais à Brantôme avec mes grands-parents, avec un boucher qui ne trouvait aucun repreneur pour sa très belle et prospère boutique.
Je suis née à Paris et viscéralement citadine, et je serais peut-être malheureuse si je vivais dans un territoire isolé. Néanmoins, je me demande souvent ce que peut signifier de grandir dans des régions où le silence et l’attente sont rois, dans des zones blanches, dans des lieux où rien n’est accessible sans permis. Il faut sûrement de la résilience et du courage, et je suis sensible et reconnaissante envers les initiatives culturelles qui naissent en zones rurales.
Bien sûr certains paysages me bouleversent plus que d’autres et mes émotions les plus fortes sont familiales. J’aime la lumière sur les remparts d’Angoulême, les tours de La Rochelle, les ruelles de Poitiers, ou le miroir d’eau de Bordeaux.
J’ai beaucoup appris sur la France en lisant des auteurs réalistes comme Balzac ou Maupassant, mais j’aime aussi des écrivains oubliés qui ont célébré leurs, ou des, territoires : je pense à Eugène Fromentin et la Charente-Maritime, Marseille racontée par André Suarès, les Ardennes par André Dhôtel, la Sologne par Maurice Genevoix. J’aime ces écrivains qui savent décrire une ville saisie dans sa pesanteur bourgeoise, une terre grasse et gonflée d’eau, ou alors sèche rocailleuse, les feuilles d’arbres craquant sous nos pas, ou des poneys sauvages traversant une clairière au petit matin. Je crois que leur attention aux choses de la vie fait leur authenticité, que leur humilité devant la nature fait leur légitimité. J’aime les nuances imperceptibles qu’ils décrivent, et lorsque je traverse la France, c’est à Louis Pergaud, Marcel Aymé, Marcel Pagnol ou à Eugène Le Roy que je pense.
 

 

Quels classiques pour vos enfants ? « La Parure » de Guy de Maupassant

Il est un genre littéraire qui convient à de jeunes lecteurs, et notamment aux plus récalcitrants, il s’agit de la nouvelle ! Récit bref, écrit le plus souvent de manière simple et efficace, la nouvelle voit son intrigue construite sur un temps court, autour d’une intrigue resserrée et d’un petit nombre de protagonistes. La nouvelle s’achève le plus souvent par une chute qui, si elle est réussie, va influer sur le lecteur de manière immédiate et intense. Disant beaucoup en peu de mots, la nouvelle offre un plaisir de lecture important pour un temps de lecture minime !

Genre polymorphe, la nouvelle peut donner lieu à beaucoup de variations. Guy de Maupassant, Prosper Mérimée ou Théophile Gautier ont excellé dans les nouvelles fantastiques ou réalistes.

Arrêtons-nous aujourd’hui sur La Parure, qui est probablement la plus célèbre nouvelle de Maupassant. Elle est si réussie et si cruelle qu’il est quasiment impossible de ne pas l’aimer ! Elle fut publiée en 1885 dans les Contes du jour et de la nuit.

Que raconte La Parure ?

La Parure a pour héroïne Mathilde Loisel, une Parisienne issue d’un milieu modeste. Parce qu’elle est aimantée depuis sa plus tendre enfance par le luxe, Mathilde vit dans une perpétuelle agonie, traquant la médiocrité derrière la simplicité, et le laid derrière le désuet. Belle, Mathilde est très consciente des horizons que sa beauté et sa sophistication auraient pu lui ouvrir dans une autre vie, et elle perçoit comme une profonde injustice l’existence morne et étriquée qui est la sienne.

Un jour, le mari de Mathilde, « petit commis du Ministère de l’instruction publique » incapable de mesurer ni de comprendre le mal-être de son épouse, reçoit une invitation pour un bal au Ministère. La jeune épouse, bien décidée à briller lors de cette occasion exceptionnelle, se rend chez mon amie Mme Forestier. Celle-ci lui prête une somptueuse parure de diamants pour l’occasion. Mais se frayer un chemin chez les heureux du monde implique d’avoir les reins plus solides qu’il n’y paraît…

Pourquoi ce livre ?

Il m’est difficile de vous en dire beaucoup plus sans déflorer le retournement de situation qui s’opère, dans la deuxième partie du récit. Quoi qu’il en soit, son dénouement magistral, inattendu, et aussi puissant qu’il est bref, nous laisse absolument sans voix ! Un immense plaisir de lecture, à chaque fois renouvelé, et je recommande cette nouvelle les yeux fermés.

À partir de quel âge ?

Dès la cinquième pour de bons lecteurs, idéal dès la classe de quatrième.

© La réponse embarrassante, Gustave-Léonard de Jonghe (1829-1893)

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