Avoir la classe avec les classiques : les livres à offrir pour la fête des pères !

Si votre père vous gonfle…

  • Le père Goriot : à force d’avoir voulu trop donner à ses filles, le personnage éponyme du roman de Balzac est un père à la fois étouffant et épuisant.

Si votre père est trop absent…

  • Phèdre : au début de la tragédie de Racine, Thésée est un père qui a littéralement disparu. Son fils Hippolyte le cherche en vain. Quand Thésée réapparaît enfin à Trézène, c’est une situation ô combien compliquée qui l’attend.
  • La Curée : Aristide Saccard est un homme pressé, un spéculateur très occupé à ses affaires et qui ne voit pas que sa femme le trompe avec son fils issu d’un premier mariage !

Si votre père est une lavette …

  • Tartuffe : Orgon, le père de Damis et Marianne, accueille chez lui à bras ouverts son « grand ami » Tartuffe. Littéralement aveuglé, Orgon ne voit pas qu’il met en danger sa famille.

Si votre père est un modèle de bonté et de générosité

  • Une Vie : le père de Jeanne Le Perthuis des Vauds est un gentilhomme bloqué au XVIIIème siècle. Ce père un peu trop faible aime sa fille d’un amour sincère, et lui transmet son goût pour la nature.
  • Orgueil et préjugés : drôle, sarcastique, tendre et attentif à ses filles, M. Bennet est un modèle de père. Toujours prêt à prendre la défense de sa fille chérie Elizabeth, il est également très conscient des nombreux défauts de son épouse. Contrairement à cette dernière, il ne laisserait pas ses filles épouser n’importe qui !

Si votre père vous a façonné(e) intellectuellement

  • Autant en emporte le vent : il en faut du caractère et de la force pour élever une Scarlett O’Hara et s’occuper d’une propriété telle que Tara ! C’est le père de Scarlett, Gerald O’Hara, qui rappelle à Scarlett ses devoirs et ses origines irlandaises. C’est à Gerald qu’elle doit son amour de la terre et son goût pour l’équitation.
  • La Gloire de mon père : le roman de Pagnol est un magnifique hommage à son père instituteur, à qui Marcel voue une véritable adoration qui n’empêche pas la lucidité.
  • Pantagruel : la lettre de Gargantua à son fils Pantagruel constitue un véritable traité d’éducation humaniste.
  • L’Odyssée : Télémaque est un fils qui attend religieusement le retour de son père. Ce dernier est une figure indétrônable malgré les nombreux prétendants qui courtisent Pénélope.

Si vous êtes une fille perdue sans son pôpa

  • Les Misérables : Jean Valjean est un père admirable pour Cosette !

Si vous voulez provoquez une crise familiale

  • Eugénie Grandet : le père Grandet est un parangon de tyrannie et d’avarice mêlées qui s’oppose au bonheur de sa fille, Eugénie.
  • Notre-Dame de Paris : le « père adoptif » de Quasimodo, Claude Frollo, soumet son fils à maints mauvais traitements. Faut-il vous faire un dessin ?

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Illustration : Jacques Gamblin et Marc-André Grondin dans Le premier jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon (2008)

« Je le vis, je rougis, je pâlis » : pourquoi l’aveu de Phèdre à Oenone est-il un texte universel ?

« Je le vis, je rougis, je pâlis » : Tout le monde connaît l’aveu amoureux de Phèdre à sa suivante Oenone dans Phèdre que vous pouvez retrouver au sein de notre application Un texte Un jour . Cette tirade écrite par Racine est un des textes les plus connus de la littérature française. Pourquoi ?

Quel est le contexte de cette tirade ?

Cette tirade est située à l’I 3 de Phèdre. Depuis le début de la pièce, nous savons Phèdre rongée par un mal inconnu. Maladie, dépression, mélancolie, chagrin lié à l’absence de son mari Thésée ? Tout le monde s’inquiète pour Phèdre, sauf peut-être son beau-fils Hippolyte qui n’a jamais aimé son odieuse belle-mère. A force de la voir dépérir, sa suivante Oenone, qui semble tenir une autorité morale sur Phèdre, la presse de questions. Phèdre va finir par avouer qu’elle est rongée par une passion amoureuse.

Une tirade parfaitement construite… pour dire le plus grand désarroi….

C’est le paradoxe de cette tirade. Longue et difficile, cette tirade, véritable morceau de bravoure, va décrire de manière très chronologique comment la passion amoureuse s’est emparée de Phèdre. Cette tirade est le récit rétrospectif de la naissance de son amour pour Hippolyte.

  • comment le coup de foudre a frappé Phèdre
  • vains efforts de Phèdre pour surmonter sa passion
  • une fois la passion avouée, tentative de Phèdre d’éloigner l’objet de cette passion
  • l’objet de son amour éloigné, Phèdre retrouve la paix
  • arrivée à Trézène, Phèdre a revu « l’Ennemi » qu’elle avait éloigné. La passion redouble.

Les alexandrins, les rimes et les mots courts renforcent l’impression d’immédiateté et d’irréversibilité du coup de foudre.

Hippolyte presque jamais nommé

Le tour de force de cette tirade : ne jamais, ou presque, nommer Hippolyte ! Saisis d’horreur et d’effroi, le lecteur, le spectateur et Oenone découvrent en même temps l’objet de la passion coupable de Phèdre (« J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse »). Cette dernière est éprise de son beau-fils Hippolyte. Hippolyte n’est nommé qu’une seule fois, et il est ensuite seulement désigné par des périphrases.

Le fait de si peu nommer Hippolyte rend cette tirade universelle : « Je le vis, je rougis, je pâlis » peut s’adresser à tout le monde.

Un personnage totalement soumis à l’amour

Le personnage de Phèdre est indissociable de la passion amoureuse, il est LE personnage qui souffre d’une passion interdite impossible à réprimer. Cette souffrance s’exprime par une grande importance accordée au champs lexical du corps. L’amour est considéré comme une maladie. Phèdre ne semble plus reconnaître ce corps et ce cœur qui tous deux la trahissent (« Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; / Je sentis tout mon corps, et transir et brûler. »). Notons que le terme de « passion », qui est issu du latin « passio », la souffrance, prend ici tout son sens étymologique.

Phèdre, un personnage maudit frappé par des forces qui la dépassent

Cette tirade témoigne de toute la complexité du personnage de Phèdre. Phèdre, fille de Minos et de Pasiphaé est issue d’une famille des plus maudites. Si Phèdre a conscience de la passion coupable qui est la sienne, elle se place néanmoins sous l’égide de Vénus. Vénus a frappé la race de Phèdre de malédiction, et Phèdre ne peut que se soumettre à cette loi divine.

Faut-il voir Phèdre comme réellement victime de Vénus (« C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. ») ? Ou est-elle une manipulatrice et intrigante, qui aurait dû et pu se raisonner ?

Le drame de Phèdre ? N’avoir été que le second choix de Thésée…

Si ce n’est pas expliqué ici, rappelons que Thésée a épousé Phèdre après avoir abandonné Ariane, la sœur aînée de Phèdre, sur l’île de Dia. Phèdre a donc été, quelque part, un second choix pour Thésée. Ce coup porté à l’orgueil de Phèdre peut-il expliquer sa déraison ? Racine ne répond pas à cette question, mais nous pensons qu’elle mérite en tout cas d’être posée !

 

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Illustration : Dominique Blanc dans Phèdre (mise en scène de Patrice Chéreau aux Ateliers Berthier, 2003)