Les 1000 livres qui donnent envie de lire

Régulièrement consultés ou en une seule fois dévorés, certains livres nous accompagnent tout au long de notre existence. Ils nous transportent du rire aux larmes, des rêves aux luttes, des frissons aux réflexions, et nous relient au meilleur de nous-mêmes en nous invitant au dépassement et à la prise de hauteur.

À travers une sélection nécessairement subjective, Sarah Sauquet vous propose, dans son nouveau livre, de découvrir ou redécouvrir 1000 livres qui nous donnent envie de lire. De l’épopée au roman de science-fiction en passant par le vaudeville, de l’Afrique du Sud à la Chine en passant par la Suède, des classiques intemporels à la littérature de jeunesse la plus actuelle, les mille livres lus, sélectionnés et présentés témoignent de la diversité de la création littéraire. Classiques incontournables, pépites injustement oubliées, œuvres culte, innovations artistiques, ces œuvres relatent des expériences intimes et pourtant universelles, font œuvre de résilience et de résistance. D’Homère à Toni Morrison en passant par Thomas Mann ou J.K. Rowling, les auteurs convoqués expriment tous à leur manière le privilège et la responsabilité de prendre la plume.

Outre la présentation de 1000 livres, structurée en douze chapitres, l’ouvrage s’accompagne d’interviews (Philippe Labro, Amélie Nothomb, David Foenkinos, etc.), de synthèses, d’éclairages et d’infographies sur des thèmes transversaux. Convaincue de l’universalité de la littérature, Sarah Sauquet établit des liens constants entre cultures classique, moderne et populaire, et ce livre s’adresse à toute la famille, à tous les âges, à tous types de lecteurs. Quels que soient vos centres d’intérêt, que vous lisiez beaucoup ou non, vous devriez y découvrir de quoi entretenir et transmettre le plaisir de la lecture.

Un livre à la fois érudit et accessible, enthousiaste et authentique, pour tous les adeptes et curieux de la littérature.

Les 1000 livres qui donnent envie de lire, Sarah Sauquet, Glénat

  • 1000 livres lus et présentés (3 grands thèmes, 12 catégories, 50 pays)
  • 10 éclairages et synthèses sur des thèmes transversaux (les femmes de lettres, les titres en littérature, les adaptations cinématographiques,etc.)
  • 10 interviews (Amélie Nothomb, Philippe Labro, David Foenkinos, Nathalie Azoulai, Anne Boquel, Étienne Kern, etc.)
  • 1 index de culture populaire (cinéma, chansons, séries, dessins animés, célébrités, etc.)
  • Les 20 livres préférés de Sarah Sauquet
  • 6 infographies
  • Broché ‏ : ‎ 304 pages
  •  39,95 euros, en vente en librairies indépendantes, sur les sites marchands (Fnac, Decitre, Amazon, etc.)
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2344055266
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2344055267
  • Poids de l’article ‏ : ‎35 kg
  • Dimensions ‏ : ‎5 x 2.5 x 29.3 cm

De Kœnigsmark à L’Atlantide, deux très bonnes raisons de relire Pierre Benoit

Ses héros sont aimantés par le goût du voyage et l’appel de l’aventure et c’est pour ses héroïnes, dont le prénom commence toujours par la lettre A (procédé que lui empruntera Albert Cohen…), que le nom de « romanesque » semble avoir été inventé. Les romans de cet Albigeois nous emmènent en Afrique, aux États-Unis, en Europe centrale,  ou au Moyen-Orient, et ses personnages ne semblent parcourir la Terre, que pour célébrer sortir de l’ombre et capter la chaleur et le soleil.

Pierre Benoit aurait pu être une légende, il est devenu un grand malentendu. Parce qu’il avait érigé l’inattendu en maxime de vie, et bien des fois ulcéré son entourage par ses frasques, ses conquêtes féminines et succès littéraires. Parce qu’il était de droite, admirateur de Maurras et Barrès, et parce que ses œuvres sont qualifiées hâtivement de colonialistes. Parce qu’il était rentré à l’Académie française à quarante-cinq ans seulement. Parce qu’il avait choisi de renoncer à la vie tranquille de fonctionnaire pour parcourir le monde. Parce qu’il est selon moi un croisement entre Pierre Loti et Henry de Montherlant.

Pour apprécier et comprendre Pierre Benoit, il faut selon moi oublier cette dimension coloniale, et apprécier ses œuvres pour ce qu’elles sont : des romans de voyage, d’onirisme, de parfaite facture, qui vous emportent presque malgré vous dans des contrées lointaines. Il n’est nulle question de politique, d’histoire, ou d’engagement, et c’est sûrement ce qu’on a reproché à l’écrivain. Pierre Benoit laisse cela à d’autres. On sait combien il est difficile de faire du très bon divertissement. Chez Pierre Benoit, tout commence à chaque fois de manière très anodine, à pas feutrés, par une petite porte. Nos héros sont entraînés presque malgré eux dans une histoire dont ils ne peuvent saisir les tenants et aboutissants. C’est l’Aventure avec un grand A. Ils se laissent guider, non pas tels des pantins, mais tels des héros curieux, intrigués, puis peu à peu aimantés et prisonniers.

Retour sur deux des plus grands succès –  et premiers romans – de Pierre Benoit, Kœnigsmark et L’Atlantide.

 

Kœnigsmark

Il faut savoir que Kœnigsmark inaugurera la collection du Livre de Poche chez Hachette, dont il porte encore aujourd’hui le numéro 1 !

Bien écrit, haletant, parfaitement construit, le roman raconte le parcours de Raoul Vignerte (j’aime infiniment ce prénom qui est aussi celui du vicomte de Bragelonne), un étudiant boursier parisien originaire de Mont-de-Marsan, qui échoue d’un rien au concours de l’École normale supérieure. Son destin bascule lorsqu’il croise un ancien camarade d’Henri IV, Étienne de Ribeyre, qui lui fait miroiter la perspective d’un poste de précepteur au sein du Grand-duché de Lautenbourg-Detmold, un État allemand.

Raoul part pour Lautenbourg, la capitale du grand-duché, où il devient précepteur de Joachim, fils unique du grand-duc Frédéric Auguste. Raoul y rencontre surtout Aurore de Lautenbourg-Detmold, une princesse aux yeux verts, fille d’un fantasque prince Tumène, Wassili,  qui, lors d’un voyage en France, avait épousé la duchesse de Hesse-Darmstadt sur un pari. Aurore ensorcèle tout son peuple et se distingue par une surprenante alchimie avec la nature. Chasseuse hors-pair capable de recueillir entre ses mains et de baiser l’oiseau qu’elle vient de tuer, Aurore est aussi une excellente cavalière, un « Murat androgyne », à laquelle son cheval fougueux, nommé Tarass Boulba, est entièrement soumis.

Tout en apprenant à connaître Aurore, avec laquelle il partage un même amour de la poésie française, Raoul enquête sur la disparition de Rodolphe, le premier mari d’Aurore. Car, comme le lui a dit M. Thierry, « il paraît qu’on ne meurt pas toujours de mort naturelle à la cour de Lautenbourg-Detmold. »

Roman policier, roman d’aventure, mais aussi roman d’apprentissage et d’une éducation sentimentale, Kœnigsmark mêle plusieurs genres. D’abord perçu comme un curieux état fantoche, le duché de Lautenbourg-Detmold gagne peu à peu en réalité et le roman brosse surtout un inoubliable portrait d’Aurore. À noter que Pierre Benoit excelle notamment dans l’attention portée aux couleurs et aux symboles, qui nous font voyager jusqu’en verte Mongolie.

L’Atlantide

Grand prix du roman de l’Académie française, L’Atlantide s’inspire des souvenirs de Pierre Benoit qui passa une partie de sa jeunesse en Afrique du Nord, où son père officiait en tant que militaire.

Lors d’une expédition « jusqu’aux lieux où l’on ne rencontre plus des hommes qui pensent et qui raisonnent », le lieutenant de Saint-Avit et le capitaine Morhange, deux Français appartenant à l’Armée d’Afrique, tombent sous l’emprise d’Antinéa, une femme polyglotte, érudite mais aussi dresseuse de guépard, « aussi intelligente que belle ».

Petite-fille de Neptune et dernière descendante des Atlantes selon la légende, Antinéa règne sans partage sur le massif montagneux du Hoggar, « pays de la peur » situé en  plein désert du Sahara. Véritable mythe indissociable du désert et de ses mystères, Antinéa obsède archéologues et historiens. « Cette femme, la reine, la sultane, la souveraine absolue du Hoggar » emprisonne, envoûte et tue chaque homme ayant osé s’aventurer sur ses terres, après les avoir rendus fous d’amour. Nul n’échappe au pouvoir d’Antinéa, nul ne revient indemne du palais de marbre rouge où sont conservés les corps de ceux que la mort a fauchés dans leur prime jeunesse et insolente beauté.

Lire L’Atlantide, c’est plonger dans une autre temporalité, savourer une langue aussi lente que poétique, découvrir une Afrique qui n’est plus, et accepter de ne pas avoir toutes les réponses – le roman se présente d’ailleurs comme un manuscrit égaré.

Geôlière d’un monde disparu dont elle entretient le souvenir, Antinéa est l’archétype absolu de la Femme Fatale. Mourir d’aimer est son précepte.

Vous souhaitez relire les romans de Pierre Benoit ? Découvrez-les dans la collection Livre de Poche : les préfaces d’Adrien Goetz sont extrêmement précieuses !

Les Sirènes d’Atlantis (Siren of Atlantis) de Gregg G.Tallas © Artus Films (l’adaptation la plus célèbre de L’Atlantide, réalisée en 1949, avec Maria Montez (Antinéa), Jean-Pierre Aumont (Saint-Avit), Dennis O’Keefe (Morhange))