Avoir la classe avec les classiques : les livres à offrir pour la fête des mères !

C’est bientôt la fête des mères… et si vous offriez un classique de la littérature à votre maman ?

Si votre mère vous ennuie… et que vous voulez le lui faire gentiment comprendre

  • Orgueil et préjugés : L’insupportable Mme Bennet est la mère de cinq filles qu’elle cherche impérativement à caser. Un brin vulgaire, manquant de finesse, c’est une mère-fout-la-honte et ses nombreuses bourdes font tout le sel de ce roman anglais.
  • Les Liaisons dangereuses : trop couvée par une mère qui ne la comprend pas, Cécile de Volanges n’aura de cesse de vouloir se trouver une mère de substitution en la personne de Mme de Merteuil. Cette relation tant désirée mènera pourtant Cécile à sa perte.
  • Une Vie: le roman de Maupassant met en scène deux mères, celle de Jeanne, surprotectrice au possible, ainsi que celle que Jeanne va devenir. Or, Jeanne devient une mère insupportable, envahissante, ô combien étouffante, et son fils n’aura de cesse de la fuir ! On le comprend.
  • Belle du Seigneur : à la fois surprotectrice et fout-la-honte, la mère d’Adrien Deume est un modèle d’obséquiosité, de bêtise et de lourdeur. Un cauchemar de belle-mère pour Ariane, qui a tôt fait d’ailleurs de quitter Adrien.

Si votre mère est un modèle de bonté et de générosité

  • Les quatre filles du docteur March : la mère de Jo, Meg, Beth et Amy est un modèle pour ses quatre filles, d’ailleurs assez forte et courageuse pour pallier l’absence du père. C’est la figure maternelle par excellence.
  • Autant en emporte le vent : il en faut du caractère et de la force pour élever une Scarlett O’Hara et s’occuper d’une propriété telle que Tara ! Décrite comme un modèle de tempérance et d’équilibre, Ellen O’Hara  est une autre figure maternelle idéale.
  • Le Château de ma mère : le roman de Pagnol est un magnifique hommage à sa mère, la fragile et trop tôt disparue Augustine. A lire absolument.

Si votre mère vous a façonné(e) intellectuellement

  • La Princesse de Clèves : c’est à sa mère que la princesse de Clèves doit son éthique, son honneur et ses valeurs. Mme de Chartres est une mère protectrice et vigilante, qui a peut-être pour seul défaut d’être en léger décalage avec son temps. Mais n’est-ce pas le propre des parents ?

Si vous êtes un fils à sa môman perdu sans elle

  • Du côté de chez Swann : le Narrateur ne peut s’endormir sans avoir recu « le baiser de maman » !

Si vous travaillez avec votre mère et que c’est parfois compliqué

  • Britannicus : la tragédie de Racine relate, en partie, la difficile relation de l’empereur Néron, et de sa mère Agrippine !

Si vous voulez provoquer une crise familiale

  • Vipère au poing, Poil de Carotte : est-il bien utile de vous faire un dessin ?
  • Médée : la tragédie de Corneille est consacrée au personnage mythologique, célèbre pour avoir tué ses propres enfants !
  • L’Etranger : pour son incipit incomparable : « Aujourd’hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.

 

Vous voulez relire des extraits de La Princesse de Clèves, d’Une Vie ou des Liaisons dangereuses ? Téléchargez notre application Un texte Un jour !

Illustration : Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni dans Trois cœurs  de Benoît Jacquot (2014)

 

Les lectures d’une jeune fille rangée : Sarah Bouasse

« Des auteurs m’ont montré l’importance de se fier à ses sens, et notamment à son odorat. »

Longtemps je me suis parfumée de bonne heure. Et très longtemps j’ai cherché un blog de qualité sur le sujet ! Passionnée par l’olfaction et l’univers du parfum en général, c’est avec une grande joie et un immense intérêt que j’ai découvert il y a près de deux ans le blog Flair, de la journaliste Sarah Bouasse. Enfin un blog abordait l’univers du parfum de façon sérieuse, et exigeante, en s’intéressant à l’humain, à ceux qui portent du parfum comme à ceux qui construisent cet univers. Quel ne fut pas mon émoi lorsque Sarah me proposa une interview autour de ma passion pour le Chanel numéro 5 !

Deux ans après notre rencontre, Sarah continue l’aventure puisqu’elle vient de participer au lancement et à la création de la très belle revue Nez, première revue olfactive. Sont notamment au programme : un magnifique dossier consacré à Louis Aragon, un article sur le parfum de l’herbe coupée… Je ne vous en dis pas plus ! A part que je suis très heureuse de cette interview, au cours de laquelle, une fois n’est pas coutume, il sera aussi question de littérature anglo-saxonne.

Sarah, quelle lectrice es-tu et notamment quelle lectrice de classiques ?

J’ai été une enfant et une adolescente dévoreuse de livres, et si, par la force des choses, j’ai moins de temps aujourd’hui à consacrer à la lecture, je reste une grande lectrice. Je me rends compte que j’ai été façonnée par mes études et notamment par deux professeurs de lycée, qui nous faisaient lire énormément de classiques. C’est à ces deux professeurs que je dois la connaissance que j’ai aujourd’hui des classiques.

J’aime beaucoup Jean Giono que j’ai découvert au lycée. J’apprécie également les Lumières, notamment Voltaire ou Les Confessions de Rousseau qui m’ont beaucoup marquée. Au lycée, j’ai découvert Sartre et Perec, dont j’ai beaucoup aimé les autobiographies. J’ai également lu Les Fleurs du mal qui m’est resté. C’est enfin à mon père que je dois la fréquentation des nouvelles de Maupassant, qu’il me lisait étant enfant. « La Parure » reste d’ailleurs un de mes monuments !

Ce sont ensuite mes études d’anglais qui ont influencé mes lectures. J’ai été sensibilisée aux classiques anglais et américains, et cela se ressent dans mes auteurs de prédilection. J’aime Dave Eggers, un auteur américain, Zadie Smith, Virginia Woolf que j’ai dévorée, et j’aime aussi Edgar Allan Poe. Je voue un culte à Thoreau et à Walden. C’est un des auteurs qui m’a le plus marquée et j’ai lu tous ses écrits.

Parmi les auteurs français, j’ai une véritable passion pour Simone de Beauvoir, même si je ne sais pas toujours si l’on peut l’apparenter aux « classiques ». Ses écrits relèvent pour moi davantage de la sociologie ou de la philosophie, mais elle a écrit de très belles choses. Quelques anecdotes autour d’auteurs français : j’ai voulu lire La femme de trente ans de Balzac. J’avais beaucoup d’attentes autour de ce livre, qui m’a au final beaucoup déçue ! Et je n’ai jamais réussi à rentrer dans Flaubert, Proust ou Victor Hugo. Enfant, j’ai essayé de lire le premier tome des Misérables. Cette tentative, quelque peu présomptueuse pour une enfant si jeune, se solda alors par un échec !

Quoi qu’il en soit, deux auteurs ont marqué mon enfance de manière indélébile, il s’agit de Roald Dahl et de la Comtesse de Ségur. J’ai dû lire Les Malheurs de Sophie un nombre incalculable de fois ! Mais en réalité, je lis surtout de la philosophie ! Même si ce n’est pas très original j’adore Nietzsche, et en ce moment, j’essaie de me constituer une véritable culture philosophique classique. Je lis La République, des ouvrages de Sénèque ou Marc-Aurèle, mais là encore je n’ai pas vraiment de ligne directrice.

En parlant de littérature anglo-saxonne et de littérature française, perçois-tu une différence de culture, et d’esprit, à travers ces écrits ?

Sur le plan des auteurs classiques, j’aurais du mal à répondre, mais concernant les auteurs contemporains, c’est indéniable. Et c’est d’ailleurs ce constat qui m’a amené à faire des études de littérature anglaise in the first place !

J’ai l’impression que la langue anglaise a une souplesse et une malléabilité qui permettent aux auteurs anglophones de jouer avec la langue. L’anglais est une langue en constante évolution, qui permet des combinaisons linguistiques extrêmement variées (on peut créer un nouveau mot, un nouveau concept en séparant des mots par des tirets !) ; et il y a donc, pour répondre à ta question, selon moi, une véritable différence entre la littérature française et la littérature anglaise sur le plan linguistique et formel. Et c’est peut-être ce jeu avec la langue qui fait de la culture anglaise une culture plus facétieuse, plus ludique. Je suis convaincue que la grammaire et la structure d’une langue ont une incidence sur la façon dont pensent les gens qui la parlent. Ce n’est pas un hasard s’il y a des auteurs anglais extrêmement inventifs.

Tu es passionnée de parfums et d’odeurs. Y-a-t-il des auteurs ou des œuvres que tu associes à cet univers-là ? A part Süskind peut-être ?

J’ai lu Le Parfum de Süskind assez tardivement, il y a quatre ou cinq ans… Et très franchement, je n’ai pas eu l’impression que le livre m’ouvrait une porte vers l’olfaction…

Si j’ai du mal à associer directement des œuvres ou des auteurs à des parfums, ou des odeurs ; en revanche, certains écrivains excellent, selon moi, dans l’évocation de la sensualité, de la découverte des sens, que ce soit l’ouïe ou l’odorat. Des auteurs m’ont montré l’importance de se fier à ses sens, et notamment à son odorat. Parce quand tu es transportée sur deux ou trois pages par une description absolument incroyable de telle ou telle atmosphère produite par des sons, des odeurs, des visions, cela te fait prendre conscience que tu dois toi-même prêter attention, dans la vie, à ces choses-là ! Les bons écrivains sont ceux qui te font plonger dans une scène, et pour cela il faut nécessairement faire appel aux sens du lecteur parce que c’est par les sens que tu captes la réalité de l’instant.

 

Pour découvrir le blog Flair de Sarah Bouasse : https://flairflair.com/

Pour découvrir Nez, la première revue olfactive : http://www.nez-larevue.fr/

Illustration : Sarah Bouasse ©Lucie Sassiat