Le tour d’Italie des classiques de la littérature

Dans quelles villes et régions italiennes se déroulent, parfois partiellement, les classiques de la littérature ? Nous vous convions à un voyage littéraire aux saveurs italiennes ! Il est à noter que les carnets et récits de voyage ne sont pas mentionnés….

Calabre

Adolphe, Benjamin Constant

Campanie

Naples 

Jean Mairet, Les galanteries du duc d’Ossonne, vice-roi de Naples

Les Fourberies de Scapin, Molière

Corinne ou l’Italie, Mme de Staël

Graziella, Alphonse de Lamartine

Les Caprices de Marianne, Musset

L’homme de neige, George Sand

La Peau, Curzio Malaparte

Emilie-Romagne

Ferrarre 

Histoire de Poline qui se fit religieuse après que son amant fut entré au couvent, Marguerite de Navarre

Le Jardin des Finzi-Contini, Giorgio Bassani

Parme 

La Chartreuse de Parme, Stendhal

Frioul-Vénétie julienne

Trieste 

Mathias Sandorf, Jules Verne

La conscience de Zeno, Italo Svevo

Senilita, Italo Svevo

Latium

Albe

Horace, Corneille

L’abbesse de Castro, Stendhal

Rome 

Horace, Corneille

Les Antiquités de Rome, Joachim du Bellay

Corinne ou l’Italie, Mme de Staël

Vanina Vanini, Stendhal

Le comte de Monte Cristo, Alexandre Dumas

Chambre avec vue, E.M Forster

Daisy Miller, Henry James

Feu Matthias Pascal, Luigi Pirandello

La Modification, Michel Butor

L’enfant de volupté, Gabriele d’Annunzio

L’Ennui, Alberto Moravia

Les Caves du Vatican, André Gide

Les Ragazzi, Pier Paolo Pasolini

Ligurie

Le Baron perché, Italo Calvino

Miragno 

Feu Matthias Pascal, Luigi Pirandello

Lombardie

Les Fiancés, Manzoni

Côme 

La Chartreuse de Parme, Stendhal

Milan 

Voyage sentimental en France et en Italie, Laurence Sterne

La Chartreuse de Parme, Stendhal

Théorème, Pier Paolo Pasolini

Piémont

Le hussard sur le toit, Jean Giono

La Lune et les feux, Cesare Pavese

Turin 

Les Confessions, Jean-Jacques Rousseau

Sardaigne

Mathias Sandorf, Jules Verne

Le Vicomte pourfendu, Italo Calvino

Sicile

La duchesse de Palliano, Stendhal

Mathias Sandorf, Jules Verne

Les Malavoglia, Giovanni Verga

Le Talentueux Monsieur Ripley, Patricia Highsmith

Catane

Les Vice-Rois, Frederico De Roberto

Messine

Beaucoup de bruit pour rien, Shakespeare

Palerme

Le Guépard, Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Toscane

Tout est bien qui finit bien, Shakespeare

L’Amant de lady Chatterley, D.H. Lawrence

Florence

Décaméron, Boccace

Vie nouvelle, Dante

Lorenzaccio, Alfred de Musset

Chambre avec vue, E.M Forster,

Ma cousine Rachel, Daphné du Maurier

Les poneys sauvages, Michel Déon

Vénétie

Padoue

La Mégère apprivoisée, Shakespeare

Angelo, tyran de Padou,  Victor Hugo

Venise 

Othello, Shakespeare

Le Marchand de Venise, Shakespeare

Contes d’Espagne et d’Italie, Alfred de Musset

Les maîtres mosaïstes, George Sand

Corinne ou l’Italie, Mme de Staël

La Mort à Venise, Thomas Mann

Vérone

Roméo et Juliette, Shakespeare

Les deux gentilshommes de Vérone, Shakespeare

 

Vous souhaitez voyager en France et outre-Atlantique ? Découvrez Le tour de France des classiques de la littérature et Le tour des Etats-Unis des classiques de la littérature !

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Illustration : Claudia Cardinale et Burt Lancaster dans Le Guépard (Luchino Visconti, 1963)

 

Qui sont les professeurs de la littérature classique ?

Vous les avez aimés, détestés, craints, ils vous ont émus ou amusés, parfois influencés… A l’approche de la rentrée des classes, il nous fallait revenir sur la figure du professeur dans la littérature classique. Petit aperçu non exhaustif de celles et ceux qui nous auront peut-être, d’une certaine manière, donné envie de retourner sur les bancs de l’école.

Le professeur-stagiaire qui est pris pour un élève : Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir

Dans Le Rouge et le Noir, Julien Sorel est  un jeune homme lettré qui s’est littéralement construit par les livres, par la culture. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’il devienne, au début du roman, précepteur. Et c’est un jeune professeur débutant que rencontre Mme de Rênal.

Mme de Rênal attend l’arrivée « du futur précepteur de ses enfants, lorsque survient un « jeune paysan presque encore enfant »[1]. Mme de Rênal ne peut imaginer que cette « pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette »[2] puisse être le précepteur de ses enfants, mais c’est bel et bien le cas ! Julien Sorel, quant à lui, est tout intimidé, pareil à un jeune professeur débutant. Comme nous le raconte Stendhal : « Madame de Rênal regardait les grosses larmes, qui s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d’une jeune fille ; elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là ce précepteur qu’elle s’était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants ! »[3]

Stendhal nous narre ici le cas typique du jeune professeur-stagiaire que l’on confond, le jour de la rentrée, avec ses élèves !

Le professeur qui travaille moins pour gagner plus : le maître de philosophie dans Le Bourgeois gentilhomme

M. Jourdain est un bourgeois enrichi qui rêve d’imiter la noblesse de la cour du roi. Pour y parvenir, ce personnage médiocre et un tant soit peu ridicule prend toutes sortes de leçons et notamment des leçons d’éloquence avec son maître de philosophie.

M. Jourdain demande en premier lieu à son maître de philosophie de lui enseigner l’orthographe. Ce dernier va passer tout un moment à lui enseigner non pas tant l’orthographe que la prononciation des voyelles et consonnes, ce qu’il maîtrise bien sûr déjà. Le « cours » de diction tourne au ridicule, l’élève ne se rendant pas compte que le professeur se moque de lui. Voici un extrait de ce cours resté dans les annales :

« MAITRE DE PHILOSOPHIE. – Soit. Pour bien suivre votre pensée et traiter cette matière en philosophe, il faut commencer selon l’ordre des choses, par une exacte connaissance de la nature des lettres, et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j’ai à vous dire que les lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles parce qu’elles expriment les voix ; et en consonnes, ainsi appelées consonnes parce qu’elles sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les différentes articulations des voix. Il y a cinq voyelles ou voix : A, E, I, O, U. 
MONSIEUR JOURDAIN. – J’entends tout cela. »[4]

A n’en pas douter, le maître de philosophie apparaît un professeur particulier qui n’a qu’une obsession : en faire le moins possible, tout en gagnant de l’argent. Travailler moins, pour gagner plus, c’est un concept ; quitte à se moquer – cruellement – de ses élèves, voilà l’enseignement que dénonce Molière.

Le professeur qui ne soutient pas ses élèves : le professeur de Charles dans Madame Bovary

Si nous avons déjà consacré un article à la rentrée scolaire de ce pauvre Charles Bovary, il nous semble important de revenir sur cet événement traumatisant, non pas du point de vue de l’élève mais cette fois-ci du côté du professeur.

Si la rentrée du héros de Flaubert tourne à la catastrophe, c’est en grande partie à cause de son professeur  – et non du couvre-chef de Charles !

Nouvel élève arrivant dans un univers totalement étranger pour ne pas dire hostile, Charles n’est absolument pas soutenu par son « maître d’études », ni par le proviseur. A peine entré dans la classe, le proviseur explique, devant toute la classe, que Charles n’a pas l’âge d’être en cinquième, qu’il devrait être chez les plus grands. Charles est d’ores et déjà considéré comme un mauvais élève, inapte à rejoindre la classe à laquelle son âge le destine (« Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maître d’études : — Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où l’appelle son âge.[5])

Bien que prononcées « à demi-voix », ces paroles sont entendues par les élèves de la classe, comme en témoigne la focalisation omnisciente du passage.

Plus tard, lorsque « Charborari » sera ridiculisé par ses camarades, le maître d’études ne lui sera absolument d’aucun secours et ne fera même qu’aggraver la situation.

Le maître d’études de Charles Bovary appartient à cette catégorie de professeurs qui nous ont longtemps hantés pour ne pas dire traumatisés. On en retrouve, pour ne citer que ces œuvres, dans La Leçon, de Ionesco, ou dans L’Enfant de Jules Vallès…

L’élève traumatisée qui rêve de devenir un professeur sadique : Zazie

Faut-il vous faire un dessin ? Jugez-en plutôt à travers cet extrait de Zazie dans le métro

« – Alors ? pourquoi que tu veux l’être, institutrice ?
– Pour faire chier les mômes, répondit Zazie. Ceux qu’auront mon âge dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille ans, toujours des gosses à emmerder.
– Eh bien, dit Gabriel.
– Je serai vache comme tout avec elles. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l’éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec de grands éperons pour leur larder la chair du derche. »[6]

Que vos professeurs ressemblent à Julien Sorel, à Zazie, que vous vous retrouviez dans le portrait de M. Jourdain ou dans celui de ce pauvre Charles Bovary, nous vous souhaitons à tous une très belle rentrée scolaire !

Vous souhaitez relire la rentrée scolaire de Charles Bovary ou la rencontre de Julien Sorel et Mme de Rênal ? Téléchargez notre appli Un texte Un jour !

Illustration : Sandrine Kiberlain et Michel Galabru dans Le petit Nicolas (Laurent Tirard, 2009)

 

 

[1] Stendhal, Le Rouge et le Noir, Chapitre 6,  1830

[2] Stendhal, Le Rouge et le Noir, Chapitre 6,  1830

[3] Stendhal, Le Rouge et le Noir, Chapitre 6,  1830

[4] Molière, Le Bourgeois Gentilhomme, Acte II, scène 4, 1670

[5] Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857

[6] Raymond Queneau, Zazie dans le métro, 1959