Quels classiques pour vos enfants ? « Le Mystère de la chambre jaune » de Gaston Leroux

Après vous avoir parlé des romans d’Agatha Christie, poursuivons dans la veine des romans policiers avec la proposition du Mystère de la chambre jaune qui narre les aventures du policier Joseph Rouletabille.

Que raconte le roman ?

Le roman de Gaston Leroux est la résolution d’une pure intrigue policière, dans la veine d’un album de Tintin, ou d’une aventure de Sherlock Holmes. L’histoire commence au château du Glandier, en Île-de-France, où le professeur Stangerson et sa fille Mathilde mènent à bien des recherches scientifiques. Or, une nuit, alors que Mathilde dort dans la chambre jaune, on tente de l’assassiner. Alerté par ses cris, son père se précipite devant sa chambre. Il n’y a pas d’assassin dans la pièce, qui ne comporte qu’une porte, fermée à clef, et une seule fenêtre grillagée. Personne n’a pu rentrer, personne n’a pu sortir. L’inexplicable, la tentative d’assassinat dans une pièce fermée de l’intérieur, s’est donc produit. Joseph Rouletabille, reporter de son état, détective par vocation, cherche une explication. Mais comment aborder une telle affaire ? « Par le bon bout de la raison », proclame Rouletabille. Et, de déduction en déduction, il découvre une incroyable vérité qu’il fera éclater en plein tribunal à la stupéfaction générale. Autour de lui gravitent plusieurs personnages : son ami Sainclair, avocat, narrateur du roman, M. de Marquet, un juge d’instruction obtus, Robert Darzac, le fiancé de Mathilde à la conduite équivoque, le grand Fred Larsan, un policier renommé, ainsi qu’un mystérieux « homme vert »…

Pourquoi ce titre ?

Le Mystère de la chambre jaune est avant un véritable labyrinthe intellectuel par lequel passent Rouletabille, et les différents personnages. L’ensemble pourrait  sembler tiré par les cheveux, mais tout apparaît d’une logique implacable, mais aussi inattendue.

Bien écrit, c’est une œuvre accessible tout en étant de facture classique, et enthousiaste. Gaston Leroux nous emporte aisément, fait montre de joie, de surprise et de tours de passe-passe. Mais ce roman sait également faire preuve de noirceur, et il serait injuste de n’y voir qu’un simple roman policier. Le Mystère de la chambre jaune est en effet un roman d’amour, la peinture d’un monde bourgeois, une quête des origines ainsi qu’une réflexion sur l’identité, à travers le lien qui se dessine peu à peu entre Rouletabille et la très énigmatique Mathilde. On y lit aussi de très belles pages sur le parfum et son pouvoir d’évocation, on y trouve des références à l’affaire Dreyfus, à la littérature policière, mais aussi à la chronique judiciaire et journalistique.

Le roman vaut surtout pour ses personnages hauts en couleurs et bien plus complexes qu’il n’y paraît. Personnage double, comme peut l’être Mathilde Stangerson,  le héros de ce roman est tantôt Rouletabille, enquêteur incroyablement brillant et perspicace (« Ce que personne ne peut découvrir, le jeune Joseph Rouletabille, âgé de dix-huit ans, alors petit reporter dans un grand journal, le trouva ! »), tantôt Joseph Joséphin, capable de passer d’une joie presqu’enfantine à la plus profonde des mélancolies.

Derrière la figure tranquille d’une scientifique qui assiste son père dans ses travaux, arrachée in extremis à la condition de vieille fille par son mariage avec Robert Darzac, Mathilde cache un passé tumultueux de grande amoureuse, et de grande voyageuse. Et le roman, non sans surprise, nous arrache au vieux continent pour nous embarquer vers le nouveau.

Il s’agira ensuite de découvrir Le Parfum de la Dame en noir, suite des aventures de Joseph Rouletabille…

À partir de quel âge ?

Dès la cinquième pour de bons lecteurs, idéal dès la classe de quatrième.

 

© Le Mystère de la chambre jaune, Bruno Podalydès, 2003

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Quels classiques pour vos enfants ? « La Gloire de mon père » et « Le Château de ma mère »

En cette période où vous devez peut-être jongler entre l’école à la maison et le (difficile) maintien du télétravail, j’ai décidé de vous présenter régulièrement des classiques qui me semblent idéaux pour de jeunes enfants, et je commence aujourd’hui par les premiers classiques que j’ai lus, grâce auxquels j’ai véritablement attrapé le virus de la lecture. Il s’agit de La Gloire de mon père et du Château de ma mère.

L’édition dans laquelle je les ai lus, et les lis encore aujourd’hui, est celle que ma mère m’a offerte étant enfant. France Loisirs avait réédité tout Marcel Pagnol à l’occasion de la sortie des films d’Yves Robert. Nous étions en 1990, j’avais 7 ans, et ces deux films, découverts avant les livres, furent un véritable choc. Encore aujourd’hui, je ne peux entendre la voix de Jean-Pierre Darras ni entendre les cigales de la musique de Vladimir Cosma sans avoir les larmes aux yeux. Ma mère m’offrit donc ces deux livres quelques semaines après. Ils me marquèrent assez pour qu’un an plus tard, en CM1, alors que Mme Pimond, ma maîtresse, commençait la dictée, je levai la main et reconnus, rien qu’à une seule phrase, La Gloire de mon père. Je le connaissais par cœur.

Pourquoi lire et faire lire La Gloire de mon père et Le Château de ma mère à vos enfants ?

De manière très simple, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère sont une évocation subtile, émouvante, de l’enfance, du lien que nous entretenons avec nos parents, avec notre histoire familiale, mais aussi avec un territoire. Pagnol sait se mettre aussi bien à hauteur d’enfant que d’adulte, et cette alternance de point de vue fait tout l’humour et toute la sensibilité de ces récits. Il nous emmène dans les collines et conjugue le quotidien sur le mode de l’aventure éternelle. Tout est voyage, tout est découverte avec Marcel. L’aventure est en bas de chez nous, et il nous suffit d’ouvrir grand notre porte, notre cœur, ou un album des Pieds Nickelés, pour en prendre la mesure. Lire Pagnol avec ses enfants, c’est tisser un lien entre les générations, l’occasion de revenir dans cette ville au loin perdue où vous avez passé votre enfance, et d’évoquer, avec eux, vos propres souvenirs d’enfance !

Plonger dans les souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol, c’est aussi le plaisir d’une langue raffinée et accessible, à l’image d’un petit garçon d’une nature rêveuse, qui a la passion des mots, et qui est curieux du monde des adultes. Même dans l’évocation des choses les plus simples de la vie, la langue de Pagnol se fait toujours poétique. Elle est chantante et gaie, quand elle ne se fait pas bouleversante, et c’est une façon très habile d’enrichir le lexique de vos enfants.

Enfin, et le plus important surtout, La Gloire de mon père, plus encore que Le Château de ma mère,  est une ode à la liberté. Désireux d’embrasser et de conquérir l’immense, superbe et inviolé territoire que sont les collines et dont il est tombé éperdument amoureux, Marcel, dont Robinson Crusoé est le héros préféré, fait l’expérience d’une symbiose entre un paysage et un âge de la vie. Tout à la revendication d’une patrie choisie, Pagnol nous rappelle ainsi que les premières amours sont souvent géographiques. Et que même enfermé, il ne convient qu’à nous, par la lecture, et par l’esprit, de parvenir à s’évader.

À partir de quel âge ?

Dès le CM2 pour de bons lecteurs, idéal dès la classe de cinquième.

Vous cherchez d’autres idées de lecture pour vos enfants ? Pourquoi ne pas leur faire découvrir Les quatre filles du docteur March de Louisa May Alcott, les romans d’Agatha Christie, Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux ?

 

@ Le Château de ma mère, Yves Robert, 1990