Quels classiques pour vos enfants ? « Les quatre filles du docteur March » de Louisa May Alcott

 « Il y eut un livre où je crus reconnaître mon visage et mon destin : Les quatre filles du docteur March, de Louisa May Alcott » Simone de Beauvoir

 

Classique de la littérature américaine que l’on réduit trop souvent à un livre destiné uniquement aux enfants, Les quatre filles du docteur March constitue une inépuisable source d’inspirations pour de nombreuses petites filles et jeunes filles. Son charme et sa magie sont tels que ce livre traverse les époques et est régulièrement retraduit mais aussi adapté au cinéma, comme en témoigne le dernier film de Greta Gerwig, avec Laura Dern, Meryl Streep, Emma Watson et Thimothée Chalamet pour ne citer qu’eux.

Idéal pour des lectrices confirmées mais aussi pour des jeunes filles plus rétives à la lecture, l’ouvrage de Louisa May Alcott admet plusieurs niveaux de lecture, et ce qui fait son universalité et son intemporalité. Il constitue une parfaite introduction à d’autres classiques de la littérature enfantine et anglo-saxonne comme Le Jardin secret, La petite princesse ou Le Petit Lord Fauntleroy de Frances Hodgson Burnett, La petite maison dans la prairie de Laura Ingalls Wilder, ou Black Beauty, consacré aux chevaux, d’Anna Sewell.

À noter que Les quatre filles du docteur March a donné lieu à une suite, La solitude du docteur March de Geraldine Brooks, publiée en 2010 aux éditions Belfond. On y suit le docteur March, grand absent du roman initial.

Louisa May Alcott a, elle,  écrit deux suites au roman : Les filles du docteur March se marient et Le rêve de Jo March.

Que raconte Les quatre filles du docteur March ?

Publié aux États-Unis en 1868, et en France en 1880, Les quatre filles du docteur March dépeint l’évolution morale, affective et psychologique de quatre sœurs, Margaret (Meg), Joséphine (Jo), Elizabeth (Beth) et Amy, qui doivent composer avec l’absence de leur père et une relative pauvreté durant la Guerre de Sécession. À travers l’évocation d’un quotidien morose que les quatre sœurs parviennent à sublimer, Louisa May Alcott nous offre le tableau du difficile passage de l’enfance à l’âge adulte, ainsi qu’un autre aspect du conflit américain.

Margaret, l’aînée, est sensible et délicate, mais aussi très coquette, ce qui offre un contraste étonnant avec son statut d’aînée. Elle apprend à se départir de ses travers pour laisser pleinement exprimer une vraie fibre maternelle.

Grande lectrice et elle-même auteur de pièces de théâtre, Joséphine, la deuxième, rêve d’être publiée et semble constamment tiraillée entre l’envie de prolonger les jeux de l’enfance, et l’intime conviction qu’elle a un destin, littéraire ou non, à accomplir. Alter ego de l’auteur, Joséphine March, est une véritable héroïne féministe.

Elizabeth, la troisième, est une musicienne sensible qui n’aspire, et c’est sa liberté, qu’à vivre entourée de ses poupées, de son piano, et de ceux qui lui sont chers.

Au début du roman, Amy, la petite dernière, peine à trouver sa place au sein de sa famille et voit trop souvent le verre à moitié vide. Capricieuse et tourmentée, elle finit par se passionner pour l’art et connaître une très belle évolution, en étant pleinement reconnue, notamment par sa tante March, qui devient sa première alliée.

Pourquoi ce livre ?

Porteur de résilience, le roman véhicule des symboles religieux et sociaux typiquement américains mais aussi des valeurs telles que le courage et l’accomplissement de soi. Jamais pontifiant, le roman offre un portrait très touchant de quatre sœurs très différentes les unes des autres, et illustre la touchante complexité des relations sororales, entre rivalité, identification et rejet. Chaque lectrice peut s’identifier à l’une des sœurs, voire à toutes, et rares sont les lectrices qui ne se demandent pas à quelle sœur March elles ressemblent le plus !

À travers la description de scènes et moments fondateurs tels que la transgression des interdits, l’entrée dans le monde ou la découverte de l’amitié à travers la rencontre avec le jeune voisin Laurie, le roman évoque des moments essentiels dans la construction d’une jeune fille.

Par son évocation des fêtes de Noël et de joies simples et familiales, le roman a ce charme régressif et inégalable qu’offrent les plus belles retombées en enfance. Absolument indémodable !

À partir de quel âge ?

Dès le CM1 pour de bons lecteurs, idéal dès la classe de sixième.

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© Les Filles du docteur March, Greta Gerwig, 2019

 

Vous cherchez d’autres idées de lecture pour vos enfants ? Pourquoi ne pas leur faire découvrir les romans d’Agatha Christie, Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux, ou les souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol ?

 

 

 

 

Quinze femmes de lettres méconnues à retrouver sur l’application et le livre « Un texte Une femme »

À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, nous avons souhaité vous présenter quelques-unes des 110 autrices de l’application et du livre Un Texte Un Femme, qui vous permettent chaque jour de recevoir un texte écrit par une femme, qui parle des femmes.

Christine de Pizan (1364 – 1430)

Qui est-elle ? Mariée à quinze ans à un homme qu’elle adore, Christine de Pizan est veuve à vingt-cinq, avec trois enfants. Elle réussit à gagner sa vie en écrivant des textes ambitieux et féministes, qui rencontrent un tel succès qu’ils sont traduits en plusieurs langues et notamment en anglais.

Pourquoi elle ? Elle est la première femme de lettres de la littérature française.

Elle a dit : « Toi, Jeanne, de bonne heure née, / Benoît soit celui qui te créa ! ». Christine de Pizan évoque ici Jeanne d’Arc.

Louise Bourgeois (1563-1636)

Qui est-elle ? Sage-femme des grands de ce monde et de la reine, Marie de Médicis, Louise Bourgeois se distingua par ses très nombreuses connaissances, aussi bien en obstétrique qu’en médecine générale.

Pourquoi elle ? Première sage-femme à avoir écrit des traités d’obstétrique, première à prescrire l’administration de fer pour soigner l’anémie des femmes enceintes, Louise Bourgeois se vit refuser le droit d’enseigner à la faculté de médecine, malgré une pétition de sages-femmes parisiennes.

Elle a dit : « J’ai cru qu’il était de mon devoir de faire connaître la vérité du fait, tant en l’accouchement qu’en la maladie, et montrer très évidemment que la cause de la mort n’est point cette portion de l’arrière-faix comme prétendu. »

Angélique du Coudray (1712-1794)

Qui est-elle ? Première sage-femme à enseigner en public l’art des accouchements, Angélique du Coudray forma plus de cinq mille femmes, mais aussi des chirurgiens, et fit ouvrir des maisons de maternité.

Pourquoi elle ? Angélique du Coudray dut s’imposer face à ceux qui souhaitent réserver les accouchements aux hommes. Elle inventa un mannequin afin que ses élèves, souvent illettrées, puissent être mieux confrontées à des cas pratiques. Ce mannequin fut breveté par l’Académie de chirurgie.

Elle a dit : « Je pris le parti de leur rendre mes leçons palpables, en les faisant manœuvrer devant moi sur une machine que je construisis à cet effet, & qui représentait le bassin d’une femme, la matrice, son orifice, ses ligaments. »

Félicité de Genlis (1746-1830)

Qui est-elle ? Érudite, ambitieuse et débrouillarde, Félicité de Genlis dut composer très jeune avec un revers de fortune. Introduite à la cour de Louis XV, elle connaît une trajectoire fulgurante. Chargée de l’éducation du futur roi Louis-Philippe, Félicité de Genlis se fait connaître par ses principes sur l’éducation et plus de 130 ouvrages littéraires.

Pourquoi elle ? On lui doit La femme auteur, un roman plein d’esprit et véritablement féministe dans lequel une jeune femme, malgré les réticences de son entourage, publie un premier ouvrage qui est un succès.

Elle a dit : « De la romance que j’ai chantée, de la sonate que j’ai jouée sur la harpe, rien ne reste ; ces plaisirs qui ne laissent aucune trace, ressemblent trop à des illusions, il m’en faut d’autres. »

Françoise de Graffigny (1695-1758)

Qui est-elle ? Fille de militaire ayant reçu une éducation très complète, Françoise de Graffigny fut mariée très jeune à un homme violent dont elle eut trois enfants qui moururent tous en bas âge. Après onze années d’union et une procédure judiciaire, elle parvint à se séparer de son mari. Elle gagna ensuite Paris, y tint salon, et se lança dans une carrière d’autrice, avec succès.

Pourquoi elle ? Ses Lettres péruviennes, qui s’inspirent des Lettres persanes de Montesquieu, portent un regard critique sur les mœurs françaises et firent d’elle une autrice majeure de son siècle.

Elle a dit : « Et cependant l’homme le moins considérable, le moins estimé, peut tromper, trahir une femme de mérite, noircir sa réputation par des calomnies, sans craindre ni blâme ni punition. »

La marquise de Lambert (1647-1733)

Qui est-elle ? Femme de lettres et salonnière d’une grande élégance morale, Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, par son mariage marquise de Lambert, parvint à faire Montesquieu à l’Académie française et contribua à la diffusion des idées des Lumières.

Pourquoi elle ?  Les Avis d’une mère à son fils et Avis d’une mère à sa fille, adressés à ses deux enfants, témoignent de la grande intelligence de la marquise, totalement hermétique aux mœurs dépravées de la Régence.

Elle a dit : « Rien n’est plus court d’ailleurs que le règne de la beauté, rien n’est plus triste que la suite de la vie des femmes qui n’ont su qu’être belles. »

Concepción Arenal (1820-1893)

Qui est-elle ? Concepción Arenal fut la première femme à étudier dans une université espagnole, où elle obtint un diplôme de droit. Philanthrope, Concepción Arenal fonda plusieurs associations et sa formation de pénaliste lui permit d’écrire plusieurs essais et articles sur le système pénitentiaire, la marginalisation des femmes.

Pourquoi elle ?  Son Manuel du visiteur du prisonnier connut un retentissement important et fut traduit dans presque toutes les langues européennes.

Elle a dit : « Pour une femme qui tue son mari, combien y a-t-il de maris qui tuent leur femme ? »

Hubertine Auclert (1848-1914)

Qui est-elle ? Journaliste, autrice et militante féministe, Hubertine Auclert fonda le journal La citoyenne. Elle se distingua par les idées qu’elle y défendait : féminisation de certains mots, contrat de mariage avec séparation de biens, égalité salariale.

Pourquoi elle ?  Hubertine Auclert est considérée comme une figure centrale dans l’histoire du mouvement des droits des Françaises. Elle fit preuve d’activisme jusqu’à sa mort.

Elle a dit : « Femmes de France, je vous le dis du haut de cette tribune : ceux qui nient notre égalité, dans le présent, la nieront dans l’avenir. »

Joséphine Dandurand Marchand (1861-1925)

Qui est-elle ? Journaliste, écrivaine, conférencière et militante féministe, Joséphine Dandurand Marchand fut une pionnière du journalisme féminin au Québec. Elle lança la première revue féminine québécoise, Le Coin du feu.

Pourquoi elle ?  Joséphine Dandurand Marchand ne cessa de promouvoir l’éducation des femmes, et de façon plus large, l’alphabétisation et la lecture chez les plus défavorisés. En 1898, elle fonda L’Œuvre des livres gratuits, une bibliothèque ambulante qui expédiait des livres gratuitement à des particuliers comme à des institutions partout dans la province du Québec.

Elle a dit : « Faut-il lire ? Je répondrais, à qui me ferait pareille question, par cette autre : Faut-il manger ? »

Olympe Audouard (1832-1890)

Qui est-elle ? Autrice, voyageuse, suffragette et conférencière, Olympe Audouard était divorcée, et mère. elle prôna plusieurs réformes autour du divorce et de l’égalité des femmes, dans des conférences qui la conduisirent à travers les États-Unis.

Pourquoi elle ?  Olympe Audouard fut une des plus importantes représentantes du mouvement féministe français de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle était aussi une véritable globe-trotteuse.

Elle a dit : « Ce bon bourgeois me dit ce « vous avez beaucoup voyagé » du même air choqué qu’il prendrait pour me dire « vous avez fait pas mal cascader votre vertu ».

Séverine (1855-1929)

Qui est-elle ? Caroline Rémy,  dite Séverine, fut une journaliste et militante féministe française qui travailla d’abord aux côtés de Jules Vallès, son mentor, avant de voler de ses propres ailes.

Pourquoi elle ?  Première grande journaliste française, n’hésitant pas à aller sur le terrain, Séverine fut un témoin privilégié des retentissements des grandes affaires politiques de son temps, qu’il s’agisse du boulangisme, du scandale du Panama ou de l’affaire Dreyfus.

Elle a dit : « Il ne faut pas s’y méprendre, on ne s’y doit pas tromper : les trois quarts des gaillards qui assassinent leur légitime n’ont aucunement l’excuse de la jalousie, le prétexte de la passion. »

Thérèse Bentzon (1840-1907)

Qui est-elle ? Journaliste, essayiste, romancière et traductrice, Thérèse Bentzon, était une spécialiste du monde anglo-saxon. Elle se rendit plusieurs fois aux États-Unis, où elle rencontra des personnalités politiques, féministes et abolitionnistes.

Pourquoi elle ?  Thérèse Bentzon réalisa plusieurs sujets sur les femmes américaines. Elle visita des universités et dressa un état des lieux de l’éducation des Américaines.

Elle a dit : « La prédominance des femmes n’abaisse pas le niveau, si j’en crois les meilleurs juges. Ils sont d’avis que souvent dans l’enseignement féminin il y a plus de méthode, »

Madeleine Pelletier (1874-1939)

Qui est-elle ? Première femme médecin diplômée en psychiatrie en France, Madeleine Pelletier fut anarchiste, franc-maçonne, médecin des pauvres, antimilitariste, écrivaine et essayiste.

Pourquoi elle ?  Féministe radicale, Madeleine Pelletier prôna le droit de vote des femmes, mais aussi la révolution sexuelle ou le droit à l’avortement. Ses écrits sont d’une très grande modernité, limpides, sincères, passionnants et puissamment engagés.

Elle a dit : « Que dirait la concierge, que penseraient les voisins si elle regagnait son domicile  à une heure indue ; que diraient-ils surtout si elle découchait, ce ne serait ni plus ni moins qu’un scandale. »

Marguerite Audoux (1863-1937)

Qui est-elle ? Ancienne pupille de l’Assistance publique, Marguerite Audoux travailla d’abord dans une ferme du Morvan, en tant que bergère d’agneaux et servante, avant de s’établir en tant que couturière à Paris, où elle fréquenta les milieux littéraires de la rive gauche. Alors que rien ne la prédisposait à la littérature, elle couche sur papier ses souvenirs d’enfance. Ces feuillets deviendront le roman Marie-Claire.

Pourquoi elle ?  Défendu et lancé par Octave Mirbeau qui en écrivit la préface, Marie-Claire obtint le prix Femina ; et c’est parce qu’il avait obtenu ce prix que le roman ne put obtenir le prix Goncourt. Les ventes dépassèrent les cent mille exemplaires, et le roman fut traduit en neuf langues. Il n’est pas impossible que « Marie-Claire » ait donné son nom au magazine féminin fondé en 1937.

Elle a dit : « Elle enviait les autres entrepreneuses qui bataillaient, criaient et s’en allaient ayant presque toujours obtenu ce qu’elles désiraient. »

Sabine Sicaud (1913-1928)

Qui est-elle ? Poétesse extrêmement précoce, Sabine Sicaud grandit dans le Lot, qui est indissociable de ses écrits. À la suite d’une blessure au pied, elle tomba gravement malade et sa poésie fut progressivement hantée par la douleur. Refusant de se faire soigner à Bordeaux et de quitter son Lot natal, Sabine décèda à l’âge de quinze ans.

Pourquoi elle ?  Étoile filante de la poésie française, Sabine Sicaud écrivit des poèmes bouleversants. Elle obtint dès l’âge de dix ans des prix littéraires importants : d’abord la consécration du Jasmin d’argent, puis celle des Jeux Floraux de France, présidés par Anna de Noailles et Jean Richepin.

Elle a dit : « Un médecin ? Mais alors qu’il soit beau !  / Très beau. D’une beauté non pas majestueuse,  / Mais jeune, saine, alerte, heureuse ! »

 

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