Bibliographie : 30 ouvrages et conseils pour étudier la littérature au lycée et dans le supérieur

Pour accompagner la lecture des œuvres

  • Consulter les notes des éditions La Pléiade toujours très bien faites
  • Consulter les titres de la collection « Profils d’une œuvre » chez Hatier et ceux de la collection « Foliothèque » chez Folio
  • Consulter le Dictionnaire des œuvres chez Robert Laffont

Pour comprendre les héros de la littérature

Un prénom de héros et d’héroïne – Dictionnaire des plus beaux prénoms inspirés de la littérature, Sarah Sauquet, Le Robert : à travers le thème des prénoms littéraires et l’étude de 244 prénoms (122 féminins, 122 masculins), découvrez une présentation de 400 personnages issus de  330 œuvres. 190 auteurs de 20 pays son mentionnés, de Homère à Philip Roth en passant par les sœurs Brontë ou Honoré de Balzac.

Dictionnaire des personnages, Collectif, Robert Laffont : une véritable mine pour étudier les héros de la littérature classique, de la mythologie, ou même de l’opéra. Les analyses sont à la fois exigeantes et synthétiques.

Dictionnaire des personnages populaires de la littérature, Collectif, Seuil : un ouvrage agréable, ludique et joyeux, qui propose des synthèses, écrites par des écrivains contemporains, sur ces héros si connus qu’ils sont devenus des mythes, et appartiennent à l’inconscient collectif (Jean Valjean, Hercule Poirot, Dom Juan, etc.).

Pour une découverte transversale de la littérature

Un texte Un jour, Traverser la littérature en 365 jours, Sarah Sauquet, LbriSphaera : cette anthologie composée de 365 textes, accompagnés de notes et de biographies, issus de la littérature classique, vous propose de découvrir, chaque jour de l’année, les plus grands textes de Molière, Hugo, Proust, Mme de Sévigné, mais aussi Shakespeare, Cervantès, Octave Mirbeau ou Alain-Fournier. Un format original pour une découverte et une appropriation progressives des classiques.

3 Minutes pour comprendre 50 courants, styles et auteurs majeurs de la littérature, Ella Berthoud, Le Courrier du Livre : Efficace, et précis, ce livre offre des synthèses sur différents genres en couvrant toute la littérature mondiale, de Samuel Pepys à Susan Sontag. Composé de doubles-pages sur des auteurs qui ont révolutionné la littérature, de frises chronologiques et d’un glossaire, l’ouvrage résume sans ne jamais simplifier, en remontant aux origines et en regardant vers l’avenir.

Les 1001 livres qu’il faut avoir lus dans sa vie, Collectif, Flammarion : écrit par des Anglos-saxons, cet ouvrage pose un regard inhabituel sur les classiques de la littérature française et propose une sélection relevant du patrimoine littéraire mondial.

Remèdes littéraires, Se soigner par les livres, Ella Berthoud et Susan Elderkin, Le Livre de Poche : fondé sur le principe de la bibliothérapie, cet ouvrage constitue une présentation surprenante et toujours drôles de classiques et œuvres cultes de la littérature mondiale.

Pour étudier l’amour en littérature

Leurs yeux se rencontrèrent, La scène de première vue dans le roman, Jean Rousset, José Corti : passionnant, cet essai devenu un incontournable de la critique littéraire analyse, avec précision, les scènes de rencontre, ou de première vue, de la littérature amoureuse.

Une histoire des romans d’amour, Pierre Lepape, Seuil : un ouvrage conséquent qui présente les grands classiques de la littérature amoureuse et en présente les enjeux narratifs et esthétiques. Une référence.

La première fois que Bérénice vit Aurélien, elle le trouva franchement con, Sarah Sauquet, Eyrolles : S’adressant avant tout aux adultes mais aussi aux étudiants et lycéens, cet ouvrage tient à la fois de l’essai littéraire et du guide de développement personnel. Il constitue une véritable invitation à relire les classiques de la littérature amoureuse et à les considérer sous un angle décalé et original. Vous y trouverez des clés pour décrypter les grands textes de la littérature amoureuse, et l’ouvrage évoque aussi bien Proust et Jane Austen que Molière ou Victor Hugo.

Pour comprendre le travail de l’écrivain

Ecriture : Mémoires d’un métier, Stephen King, Le livre de Poche : dans ce livre devenu culte et que l’on conseille à tout apprenti écrivain, Stephen King revient sur son propre parcours, les difficultés par lesquelles il est passé avant de connaître le succès qui fut et est encore le sien. Une ode à la persévérance et une réflexion majeure sur l’inspiration.

 Lettre à celle qui lit mes romances érotiques, et devrait arrêter tout de suite, Camille Emmanuelle, Les Echappés : Hilarant essai dans lequel Camille Emmanuelle explore l’univers de la romance érotique, cet ouvrage est une passionnante exploration de ce laboratoire qu’est la création littéraire. On y apprend qu’un roman, fût-ce un mommyporn, se construit, que des personnages s’élaborent et qu’une intrigue doit avoir un commencement et une fin. La figure de l’écrivain nous apparaît à la fois incroyablement accessible et sympathique, tout en restant exigeante. Écrire est un travail, et Camille nous le rappelle.

Une histoire des haines d’écrivains: De Chateaubriand à Proust, Anne Boquel et Etienne Kern, Flammarion : convaincus que la vie des auteurs est une porte d’entrée vers les œuvres, Anne Boquel et Etienne Kern nous proposent, dans cet essai, une véritable enquête à la fois psychologique et sociologique. A travers le thème de la rivalités entre auteurs, c’est la vie littéraire du XIXe siècle qui nous est présentée.

Pour comprendre le théâtre

Le Langage dramatique, Pierre Larthomas, PUF : une mine d’or pour comprendre les tenants et aboutissants de la communication théâtrale, les spécificités du texte de théâtre.

Sur Racine, Roland Barthes, Points : après avoir lu ce livre, vous ne lirez plus les pièces de Racine de la même façon.

Pour comprendre le XVIIe siècle

Morales du grand siècle, Paul Bénichou, Folio Essais : un éclairage très précieux sur un siècle complexe. Paul Bénichou interroge les grandes œuvres du XVIIe siècle sous l’angle de la morale. On y comprend, avec l’analyse du sublime chez Corneille, le passage du baroque au classicisme, ou encore ce qui fait de Molière un auteur classique.

Les essais sur la littérature de la collection GF Corpus

Ces petits livres proposent des synthèses extrêmement complètes :

  • Le Lecteur, Nathalie Piégay-Gros
  • Le Roman, Nathalie Piégay-Gros
  • Le Personnage, Christine Montalbetti
  • L’Intertextualité, Sophie Rabau
  • Le Style, Christine Noille-Clauzade
  • Le Théâtre, Bénédicte Louvat-Molozay
  • Le Tragique, Marc Escola
  • Le Genre littéraire, Marielle Macé

Pour analyser les textes littéraires

Introduction à la stylistique, Frédéric Calas, Hachette Éducation Supérieur : La stylistique, c’est cette discipline qui vous permet de comprendre les enjeux des choix de langue, les subtilités infinies qui se cachent derrière un adjectif placé avant ou après le nom, ou qui vous expliquent l’emploi des propositions subordonnées chez Céline. Ce livre de Frédéric Calas est une parfaite initiation à la stylistique. Sa lecture ne pourra qu’enrichir les explications et études de textes.

Deux biographies d’écrivains

Honoré et moi, Titiou Lecoq, L’Iconoclaste : Drôle, irrévérencieuse, passionnante et surtout éclairante, cette biographie consacrée à Balzac témoigne de la modernité de l’homme, mais plus encore de ses romans. Un ouvrage qui se lit comme un roman, qui est formidablement documenté, et qui explique aussi bien la complexité de la Restauration que les grands thèmes balzaciens : le règne de l’individu, la soif de l’or, la corruption, la vanité des ambitieux.

Monsieur de La Fontaine, Michel Aubouin, LibriSphaera : En douze chapitres, ce livre retrace plusieurs étapes de la vie de La Fontaine, et raconte surtout l’homme, la façon dont le libertin auteur de contes licencieux est devenu le fabuliste que tout le monde connaît mais que l’on peinait tant à reconnaître. Un ouvrage qui charme par son portrait nuancé de La Fontaine, entre concupiscence et contemplation, entre urgence d’écrire et procrastination.

Vous souhaitez en savoir plus sur Sarah Sauquet qui a écrit cet article et enseigne en cours particuliers ? Plus d’infos via ce lien.

 

Six raisons d’aller voir Illusions perdues

« L’intelligence est le levier avec lequel on remue le monde. »

Honoré de Balzac, Illusions perdues, 1837 – 1843

Le 20 octobre 2021 est sorti sur les écrans français Illusions perdues de Xavier Giannoli. Le film, qui dure 2h30, est une adaptation étourdissante du roman du même nom, et l’on ne voit franchement pas le temps passer. Au-delà de sa distribution de choix et de ses très nombreuses qualités techniques, je vous livre, dans cet article, six raisons pour lesquelles aller voir ce film.

  • Un tableau sans pitié du monde journalistique

L’action du roman se situe à un roman précis de l’histoire française. Dans les années 1830, les médias connaissent une évolution importante. Les ordonnances sur la presse qu’a prononcées Charles X ont provoqué sa chute, et Louis-Philippe, qui lui succède, accorde la liberté de la presse. Beaucoup de journaux artistiques profitent de cette nouvelle liberté d’expression pour se lancer dans la caricature politique. L’embellie durera cinq ans, avant que Louis-Philippe ne rétablisse la censure, en 1835.

Le film restitue à merveille l’effervescence qui règne dans les salles de rédaction de ces journaux, mais il dépeint également très bien la corruption et l’opportunisme qui gangrènent le monde journalistique. Vincent Lacoste y campe un drôle et fascinant Étienne Lousteau.

  • Un tableau jubilatoire du monde de l’édition

Lucien Chardon, le héros du roman (impeccable Benjamin Voisin), est un jeune provincial beau mais sans fortune et qui rêve de devenir écrivain, à l’image de son idole, André Chénier. Lucien signe ses écrits sous le nom de Lucien de Rubempré, le nom et le titre de sa mère qu’il n’a pas le droit de porter. C’est grâce à ses poèmes que Louise de Bargeton (Cécile de France) tombe sous son charme.

Arrivé à Paris, Lucien tente de se faire publier. Il rencontre Dauriat (truculent Gérard Depardieu), un éditeur et marchand de livres. A travers ce personnage, Xavier Giannoli restitue le parcours du combattant que connaissent, encore aujourd’hui, les auteurs pour se faire publier. Il est aussi question des revenus minimes des écrivains, qu’ils ne touchent parfois même pas.

  • Un film au propos très contemporain

 Au-delà du thème, très actuel, du désenchantement, le film est émaillé de réflexions qui apparaissent étrangement familières : par exemple, le narrateur du film prophétise l’arrivée au gouvernement d’un banquier ( !!), et les pigeons-voyageurs qui propagent de fausses nouvelles ne sont pas sans rappeler les fake news qui se propagent sur Twitter.

  • Une réflexion sur le talent

Illusions perdues narre la métamorphose d’un poète sentimental et maladroit, mais amoureux de la beauté, en un styliste féroce, capable de pondre un article assassin en quelques minutes. Le spectateur assiste, impuissant, à l’évolution problématique de ce héros qui renonce à la beauté au profit de la facilité. C’est en refusant de rater ce qu’il considère comme son rendez-vous avec l’histoire que Lucien, qui manque de discernement, se perd.

Lucien s’oppose au personnage de Nathan (Xavier Dolan), qui condense trois personnages du roman. Nathan incarne un ambitieux mondain, mais aussi et surtout un écrivain talentueux et tenace qui place l’art et la création littéraire au-dessus des bassesses et petits arrangements de l’écriture journalistique.

  • La difficulté d’être une femme sous la Restauration

 C’est par amour envers Mme de Bargeton (Cécile de France) que Lucien quitte Angoulême pour Paris. De la reine du faubourg Saint-Germain (la marquise d’Espard, que joue Jeanne Balibar) à l’actrice de second ordre dont le renoncement à son protecteur précipite la chute (Coralie, incarnée par Salomé Dewaels), le film propose plusieurs très beaux portraits et raconte la difficulté d’être une femme, sous la Restauration.

Le film illustre bien les propos de la chroniqueuse et journaliste Delphine de Girardin sur les femmes sous la Restauration, dans un texte à découvrir sur Un texte Une femme. En voici un court extrait : « Mais voyez donc un peu les femmes passionnées qui, de nos jours, font parler d’elles : toutes ont commencé par un mariage d’ambition ; toutes ont voulu être riches, comtesses, marquises et duchesses avant d’être aimées. Ce n’est qu’après avoir reconnu les vanités de la vanité qu’elles se sont résolues à l’amour ; »[1]

  • Une implacable foire aux vanités

A travers le personnage de Singali (que campe le regretté Jean-François Stévenin), chef de claque dans les théâtres parisiens, l’on découvre la facilité avec laquelle les réputations se font et se défont, et la fragilité des édifices forgés à force de travail, talent, ou tractations malhonnêtes.

Illusions perdues nous rappelle que « la nature humaine ne va pas sans comédie. Le tout est de savoir où celle-ci commence. »[2]

Illusions perdues de  Xavier Giannoli, est sorti le 20 octobre 2021 sur les écrans français.

Scénario de Jacques Fieschi et Xavier Giannoli, d’après le roman Illusions perdues d’Honoré de Balzac (1837 – 1843)

Vous souhaitez découvrir des extraits d’Illusions perdues et de nombreux autres romans de Balzac ? Téléchargez l’application Un texte Un jour, sur laquelle retrouver 23 textes de Balzac.

Vous souhaitez découvrir les écrits de la femme de lettres et salonnière Delphine de Girardin (1804 – 1855)  sur les femmes sous la Restauration ? Téléchargez Un texte Une femme.

©  Illusions perdues de  Xavier Giannoli (photographie  : Christophe Beaucarne)

[1] Delphine de Girardin, « Les jeunes filles ambitieuses », Lettres parisiennes, 1836

[2] Agatha Christie